Editorial : Deuil papal, qui entr’ouvre des portes !

La mort du Pape a libéré des ondes de choc longtemps surgelées entre le Vatican et Pékin, antagonistes naturels, pôles planétaires de pouvoirs spirituel et temporel.

Dès l’annonce du trépas (3/4), les bonnes volontés se multiplièrent.

A New York, l’ambassadeur Wang Guangya, Président du Conseil de Sécurité rendit hommage au « grand leader religieux » et dit son gouvernement «encouragé par son oeuvre de réconciliation » et son «désir d’améliorer la relation». Pékin rappela alors la possibilité de reprise des relations, et ses conditions: «que Rome ferme sa nonciature à Taiwan, et ne se mêle pas de ses affaires intérieures».

En face Joseph Zen, archevêque de Hong Kong remarqua que Rome pouvait transférer sa nonciature de Taipei à Pékin, «pour peu que Pékin octroie une vraie liberté à l’église en Chine »…Il n’en fallut pas plus aux fidèles pour reprendre espoir en cette normalisation que le Pape avait désiré, au point de souhaiter « survoler la Chine en avion, pour prier pour elle» …

Mais dès le 4/4 transparaissait l’arrestation de 3 prélats de l’ombre entre Hebei et Zhejiang : signal délibéré d’intransigeance – Pékin ne vouait pas de normalisation sans coupure  du lien entre l’église et le Pape!

On a donc – ce n’est pas rare en Chine- des gestes contradictoires, qui traduisent des tendances opposées au sein de l’appareil.

Ceux qui s’opposent à la réconciliation sont ceux qui ont à y perdre : l’église officielle, qui doit se poser la question de son avenir en cas de réhabilitation de celle de l’ombre, et une arrière-garde refusant d’admettre l’échec d’un modèle social amputé de toute spiritualité.

Enfin, alors que ce décès libère une chance de réconciliation, survient un incroyable risque!

Le deal en l’air suppose le sacrifice de Taiwan. Mais son Président Chen Shui-bian se rendit aux funérailles (8/4) à Rome, rompant 50 ans d’absence en Europe. La Curie l’a accepté, causant ainsi l’ire chinoise. Mais c’est l’Italie qui a délivré le visa, permettant aux grands de ce monde de rencontrer cet homme-clé de toute solution future de la question taiwanaise!

Ainsi le décès du Pape crée un faible vent d’espoir, repoussant les vantaux de la Cité Interdite. En face, se dresse un formidable mur de soupçons, et d’électrons libres risquant de tout faire capoter. Mais «les voies du Seigneur sont impénétrables », et objectivement, les deux parties ont plus à gagner qu’à perdre dans une entente!

 

 

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