— Le vent tourne pour APP (Asia Pulp & Paper), n°1 mondial de la pâte à papier.
Solidement implantée en Chine (20 centres de production, 5,5MM$ investis), cette filiale du conglomérat indonésien Sinar-mas se retrouve avec deux affaires sur le dos, d’abattage illégal de la ressource forestière, que le pouvoir central s’efforce de protéger.
[1] A Hainan, le 28/3, la dernière usine d’APP, la plus grosse du monde (1,15MM$, capacité d’1Mt de pulpe/an) démarre, sous une campagne de Greenpeace très médiatisée, accusant APP d’acheter en sous-main des coupes de forêt primaire. APP dément, assurant qu’elle plante et exploite 40.000ha/an d’eucalyptus. Wei Liucheng, gouverneur de l’île subtropicale soutient APP, soulignant qu’un tiers de l’investissement a été placé en développement durable!
[2] Au Yunnan par contre, les agents de la très officielle SFA, (l’administration des forêts), accusent APP de collusion avec les pouvoirs locaux pour abattre 24.700m3 de grume “au noir”, et d’avoir maquillé en “friche” 1,35M d’hectares de forêt vierge. APP pourrait être la 1ère JV taxée en Chine, pour vandalisme écologique.
NB : APP passe aussi pour être endettée, avec ses usines impayées et ses créanciers otages !
— Le deal du rachat de la branche ordinateur d’IBM par le n°1 chinois Lenovo n’en finit pas d’émettre des ondes de choc.
Le 9/3, après une rarissime enquête, Washington faisant taire sa peur de fuite de technologie, donnait son aval. Aucune condition n’avait été imposée. Mais le 30/3, ce sont trois groupes étrangers, américains justement, qui paient 350M$ pour 12% des parts de Lenovo ainsi remodelé : Texas Pacific (200M$), General Atlanti (100M$) et Newbridge Capital (50M$).
Or lors de la reprise, IBM avait reçu déjà 18,9% des parts de Lenovo: voilà qui met plus de 30% des parts aux mains américaines, une confortable minorité de blocage, suggérant une entente entre Etat et finance américaine, qui ne peut qu’avoir été agréée avec Lenovo et Pékin après la vente – durant l’enquête publique!
Mais l’entrée au pool des 3 investisseurs suit aussi une logique commerciale : Newbridge est connu pour ses investissements de haut rapport, et Texas croit à une croissance des ventes d’ordinateurs en Asie (hors-Japon) de 8,3%/an, et jusqu’à 12,1% en Chine.
— Après avoir combattu l’hydre dans l’ombre, la CIRC (la commission de régulation des assurances), lance l’alarme : des assurances étrangères ratissent en Chine sans licence.
À 1,6MM$ de chiffre en 2004 (10% du marché), leur pénétration est tout sauf négligeable. Elles séduisent des agences d’Etat peu civiques, la meilleure clientèle de Chine, pour de très gros contrats (parfois plus d’1M$). Aucun problème pour elles, à trouver des courtiers clandestins : ils encaissent en prime de risque 100% la 1ère année et 10% les suivantes, trois fois plus que les collègues légaux. Ils sont indétectables, travaillant sans publicité, et par bouche à oreille. Une fois par mois, par groupes de 50, les clients vont signer à HK, sous couvert de tourisme —qu’ils doivent d’ailleurs pratiquer au passage. Et même si ces assurés ne sont pas protégés par la loi chinoise, l’assureur semble jusqu’alors éviter l’erreur de maltraiter le client.
Aussi les assurances locales prennent ce qui reste, et leur marché ne progresse plus que de 7%/an, contre plus de 10% des années plus tôt—et la CIRC en est réduite, ultime moyen pour combattre le chancre, à dévoiler son échec par voie de presse!
Sommaire N° 11