Pour s’être hissé en 10 ans au 1er rang des laitiers chinois, Yili le mongol, est un groupe hors pair, coté à Shanghai depuis 1996 (un des chouchous des investisseurs institutionnels), réalisant en 2004, 1,2MM$ de ventes de produits laitiers (+57%) !
Score d’autant plus méritoire, dans ce métier très technique, qu’il fut obtenu face à des valeurs établies comme Nestlé ou Unilever.
Mais voilà que soudain Yili sombre en enfer : l’on découvre alors des années de pratiques inavouables. Dans un secteur en surinvestissement chronique, où les trois quarts des 1600 laitiers perdent de l’argent (crise aggravée par un scandale de lait maternisé contaminé en juin2004), Yili a opté pour maintenir sa croissance par la bourse.
Depuis 2003, il spéculait sur des bons d’Etat pour financer les dividendes de son titre, et le «dumping» de ses 39 produits. Le tout aurait débouché dès juillet 2003 sur une tentative de rachat de la firme par ses dirigeants, financée par 37M² détournés.
Mais avec le changement d’équipe au pouvoir, tout changea : le 20 décembre 2004, son état-major était écroué, dont Zheng Junhuai, le Président. Vu ses appuis cependant, il est improbable que l’existence de Yili soit en jeu. Avant la débâcle, Yili tentait une manoeuvre désespérée : racheter une revue financière locale, pour l’empêcher de le désigner « pire valeur boursière de l’année »…
Tentons une morale : Yili a longtemps gagné en jouant sur deux tableaux—jeu du marché, ET jeu feutré, sans risque, du pouvoir politique. Ce temps-là est révolu : voulue en très haut lieu, l’arrestation des leaders a valeur d’avertissement—les grandes entreprises d’Etat ne sont pas au-dessus des lois.
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