Les semaines qui suivent seront intenses en actualité politique : le hasard du calendrier cumule les rendez-vous, défis pour le pouvoir en place.
– Le 25/2 s’ouvre à Pékin le second Sommet pour la Corée du Nord, en présence de la Russie, du Japon, de la Chine, des Etats-Unis et des frères ennemis coréens. Ni Chine, ni US n’affectent d’attendre le succès. Le blocage vient de l’incapacité du régime de Kim Jong-il (dont le pouvoir compte parmi les plus cloisonnés du monde) à trouver l’accord pour abandonner la bombe, et 50 ans d’isolationnisme : il est plus facile de s’emmurer, que de quitter sa caverne !
Les signes encourageants pourtant, n’ont pas manqué, telle l’invitation secrète d’inspecteurs américains au centre de recherche nucléaire que Pyongyang, pour l’heure, veut bien «geler» – Washington exige un «démantèlement total et vérifiable»… Positions d’attente, et poker!
– Du 5 au 14 mars suivra la session de l’Assemblée Nationale Populaire, moment du bilan de cette première année du leadership «de la quatrième génération». Dès maintenant, les cadres ont pour ordre d’interdire pétitions et voyages de protestation. Cette équipe a appliqué le programme qu’elle s’était fixée : un 不 «Bu» (Non!) farouche à toute avancée démocratique, compensé par l’accélération des réformes socio-économiques, dans un style «ne pas mettre la charrue avant les boeufs». Parmi les nouveautés à débattre au Parlement, figure un programme anti-corruption adopté (17/2) par la jilüjiancha (Commission nationale de discipline – police interne du Parti), destiné à faire épingler les «gros» par un rapport annuel, obligatoire, du Politbureau au Comité Central. Figure aussi une série de plans pour mettre le système financier aux normes internationales, liquider les entreprises d’Etat ruinées dans des bourses spécialisées, créer un second régime de retraite volontaire et élargir l’autre aux paysans, enrayer la pollution et restaurer les forêts (cf p2
« argent »), ouvrir la presse (aujourd’hui à 99% publique) aux investissements privés, briser la spirale maléfique de paupérisation des campagnes (cf VdlC n°5)… C’est une course contre le temps – l’impasse sur tout débat politique ne pourra être toujours maintenue!
Force est de dire qu’après un an, sans avoir rien cédé sur le monopole du Parti, l’équipe de Hu Jintao parvient à conserver bonne cote, en Chine et ailleurs!
– Enfin, le 20 mars a lieu le scrutin présidentiel à Taiwan, suivi d’un Référendum de politique de défense. Pour Chen Shui-bian, le président sortant (DPP), ça passe ou ça casse! Comme pour Hong Kong (cf ci-dessous col. droite), Pékin maintient la plus forte pression face à cette échéance qu’elle condamne.
Au risque de sacrifier son propre 一国两枝 yi guo liang zhi, «un pays, deux systèmes », modèle inventé par Deng pour rattacher HK puis Taiwan au continent. Mais dans les deux cas, Pékin est en réalité plus pragmatique et en attente des résultats du scrutin (en septembre pour le Legco à HK), quitte à reculer alors d’un pas, si nécessaire : vieille tactique !
Sommaire N° 8