Editorial : Où va le charbon chinois ?

380 mineurs tués en quelques semaines : la Chine houillère expose sa misère, porte le deuil, avouant 7000 décès en 2004 (en fait sans doute 20.000).

Le mineur cumule la pire mortalité (80% des décès miniers sur terre, pour 35% des extractions), et une très faible productivité (321 tonnes/an, soit 2,2% de son collègue des Etats-Unis)!

Le charbon chinois souffre de deux urgences qui freinent sa modernisation : une soif inextinguible de jobs dans les campagnes, et une demande insatiable en énergie. En 2004, le pays a extrait 1,4MMt de houille, laquelle assure 74% de la production électrique. Quoiqu’en hausse violente, cet effort d’extraction n’a pas suffi : le déficit a été de 100Mt, laissant 25 provinces livrées aux pannes de courant. De même, ce charbon doit traverser en train la moitié de la Chine pour atteindre la côte, paralysant les chemins de fer. Il en résulte une flambée des prix, et un sourd refus opposé aux efforts de l’Etat pour fermer les mines petites et dangereuses…  Depuis avril,16.000 petites unités ont été « fermées » (mais souvent rouvertes), et fonctionnent à «tombeau ouvert»: 5MM² manquent, pour mettre aux normes les 30.000 mines  de houille ! 

Les lendemains ne chantent pas : en 2020, le parc de centrales aura doublé en puissance, atteignant 630GW. Dix ans après, les émissions de CO² auront fait de même. A ce rythme, les 113,5MMt de réserves auront disparu d’ici 2080.

L’Etat tente de réagir. La NDRC, la Commission nationale pour le développement et la réforme, vient, le 2 décembre, d’annoncer la concentration de 13 bases, autour du bassin houiller du Centre : groupes industriels qui devront décupler parallèlement productivité, sécurité, protection de l’environnement. On en saura plus début 2005, à la publication du Plan.

D’autres expériences sont porteuses d’espoir : Jinsheng (Shanxi) et la Banque Mondiale signent (1/12) un accord de cession de droits d’émission de gaz à effet de serre, sous l’égide de la convention de Kyoto. La Banque Mondiale traitait au nom du Prototype Carbon Fund, groupe de 6 Etats et de 17 firmes. Ce Fonds rachète le droit de polluer, à concurrence des volumes de méthane que Jinsheng ne relâchera plus dans l’atmosphère—60 emplois créés. Un des 1ers du genre, cet accord entre en vigueur en janvier 2005. Sa portée est éminemment symbolique: en finançant des firmes chinoises  pour faire de leur non pollution une valeur marchande, il suscitera un effet boule de neige dans les vocations !

 

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