L’histoire commence le 10/11, comme un film à suspense: à 300km au Nord-Nord-Ouest de l’île Miyako, un sous-marin nucléaire chinois est pris en chasse par une marine nippone, sans doute renseignée par les US qui l’avaient détecté au large de Guam. Quoique ce bâtiment ne soit resté que 2h dans ses eaux, le Japon orchestre 48h de poursuites à grand spectacle, puis exige des excuses.
Réponse de la Chine, 8 jours après (15/11), le vice-ministre des affaires étrangères Wu Dawei a bel et bien présenté ses «regrets», et expliqué l’incursion comme une «erreur ». Tokyo se satisfait de cette parole— l’incident est clos !
Mais les relations entre les deux géants asiatiques ont subi un nouveau record de froid. L’incident survient après l’échec de palabres autour de l’exploration pétrolière chinoise sur une zone revendiquée par Tokyo. Un peu partout, Chine et Japon s’affrontent pour le contrôle de l’or noir – nerf de la croissance à l’avenir!
Depuis le milieu des années ‘90, les deux pays se disputent aussi l’archipel Diaoyu/Senkaku. Le contrôle de ces eaux serait vital en cas de siège de Taiwan, non loin d’Okinawa, base de la VI. Flotte (aéronavale) américaine !
Pour l’expert américain Alan Dupont, le clash était obligé : «de nos jours, c’est la 1ère fois que Japon et Chine sont puissants ensemble!»
L’incapacité du Mikado à reconnaître ses massacres des années ’30 (Mandchourie, Nankin) n’arrange rien. Les visites annuelles du 1er Min. Koizumi au tombeau d’un criminel de guerre, hérissent la Chine et l’Asie : spectres encombrants mais imprescriptibles, chez ces peuples qui pratiquent le culte des ancêtres, tant que survivra un seul des vieillards témoins de cette ère.
Ces pays si complémentaires ne bougent pas, car ils savent que leurs sorts sont liés: en 2003, les échanges atteignent 130MM$ (+30%), et 136MM$ dès oct. 2004! En fait,
c’est à cause de la bonne santé de leur commerce, que ces empires «du Soleil» et «du Ciel» restent passifs, devant l’hostilité mon-tante de leurs opinions : jeu risqué, dont rien ne dit qu’ils en aient indéfiniment les moyens!
Face à ce dilemme, l’excuse de Pékin et l’ annonce par Koizumi (16/11) d’une rencontre avec Hu Jintao lors du sommet de l’APEC à Santiago (Chili, 21/11) , constituent -peut-être- des craquelures dans des cuirasses cocardières, qui sont insoutenables à l’avenir !
Sommaire N° 38