Editorial : Une Chine ‘Père Noël’?

Ce mois-ci, voit la Chine présente sur trois continents, en des missions très observées, qui traduisent un tournant dans ses objectifs internationaux : partout, Pékin veut occuper l’espace perdu par les US, en exploitant l’impopularité de George W. Bush!

En Afrique, Wu Bangguo, Président de l’ANP (28/10-8/11) saupoudra les petits investissements rapportant gros.

Le Nigeria reçut 2,25M$ d’aide, des usines de TV et de tracteurs, un projet pétrolier (raffinage/exploration). Zambie,  Kenya, Zimbabwe eurent tous leur petit cadeau. Ici, Pékin s’assure un marché d’avenir, tout en neutralisant les sirènes taiwanaises qui encouragent l’Afrique à changer de Chine!

Le Président Hu Jintao consacre 13 jours (11-23/11) à l’Amérique Latine.

On lui prête le projet de 20MM$ (!!!) d’investissements d’infrastructures et d’énergie en Argentine. En 2003, l’export du sous-sol latino vers la Chine a explosé, pour 7MM$ de minerai de fer brésilien, de cuivre chilien, d’or noir argentin. Il est aussi question d’accords de libre échange (ALE), entre pays très complémentaires: la Chine pleure pour des mat. 1ères, et le monde latino pour des invests. Des ALE se négocient bilatéralement (ex. : Chili), mais l’avenir réside dans un ALE régional, avec le Mercosur (marché commun entre Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay).

La 3ème mission, la plus forte et la plus secrète, se tourne vers l’Iran.

On a déjà cité (VdlC n°36) l’immense contrat d’hydrocarbures pressenti entre les deux pays, pour 100 (voire 200) MM$. Les 6-7/11, Li Zhaoxing, ministre des Affaires étrangères était à Téhéran : les leaders s’y sont dits prêts à troquer comme 1er client, Tokyo pour Pékin.

 Ce dernier, en retour, bloquera toute accusation de l’ Iran au Conseil de Sécurité (au 25/11), pour cause de course au nucléaire. Le pas franchi par la Chine est géant, car il fait fi de la loi ILSA (Iran Lybia Sanctions Act) des US, qui bloque depuis 20 ans tout investissement pétrolier en ce pays!

Manifestement, le rôle mondial de la Chine est en mutation : d’importateur à exportateur d’investissements, qui co-détermine les cours des matières premières.

Un axe Pékin-Téhéran s’esquisse, décidé à influencer le marché du pétrole (concurrent de l’OPEP!), et à marginaliser des US qui inquiètent militairement.

Enfin, on assiste à ce bond chinois vers les champs d’or noir de la Caspienne: succédant au parachutage des Marines en 2000 en Asie Centrale (lors de la guerre d’Afghanistan), c’est une réponse de la bergère au berger – aux conséquences encore invisibles, mais forcément fortes!

 

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