Au confluent entre la promesse du Président Hu Jintao de xiaokang (bien-être des masses) et celle de Wu Yi, la vice 1er ministre, après la crise du SRAS, de réformer de fond en comble le système de santé; entre le projet d’une Sécurité Sociale obligatoire, et la réalité crue d’un appareil de prévention et de soins implosé dans les campagnes (dont 70% des habitants n’ont aucune couverture) : les coopératives médicales rurales (CMR), avec assurance volontaire, constituent le nouvel atout sur lequel mise le régime!
Depuis juillet 2003, ces CMR sont testées par le régime, jusqu’en 2010, dans l’espoir de couvrir d’ici là tous les paysans concernés -768 millions d’âmes. Le mécanisme compte déjà 310 centres de soins, qui seront 500 d’ici 2005.
95 millions de fermiers en bénéficient, dont 69 millions assurés, les autres, à leurs frais.
Pour autant, la machine est dure à démarrer! Deux chiffres expliquent mieux qu’un discours.
Le revenu moyen du paysan, en 2003, est de 2622¥, mais sa note d’hôpital en atteint 2236/an. Aussi, jusqu’à 80% des fermiers ne se soignent que par leurs herbes, refusant de payer les 15¥ /an exigés (20¥ étant rajoutés par les administrations provinciale et nationale)! Les conditions sont draconiennes : l’assurance ne couvre que 20% de tout frais dépassant 600¥. Mais l’obstacle est surtout mental : pour le paysan meurtri par des siècles de quasi-servage, administration rime avec ‘seigneur’, et contribution, avec ‘gabelle’.
D’autre part, ces 1,2 million de médecins sont mal formés, mauvais gestionnaires, et les remèdes coûtent dix fois le prix de la ville! Il y a une course contre la montre, pour rehausser à la fois la confiance et la compétence. Du succès dépendent la santé de 60% des Chinois et surtout, la fin de la saignée des campagnes!
Sommaire N° 37