Editorial : Coopération sino-russe : Youkos fait monter la mise!

Premier fournisseur russe à la Chine, Youkos coupa (20/9) ses livraisons de brut à la CNPC, la compagnie nationale pétrolère.

Youkos se disait en «faillite», sous les 6MM² d’amende du Kremlin. Mais quatre jours avant la visite du 1er ministre Wen Jiabao (23-24/9), le coup semblait calculé pour embarrasser le Président Vladimir Poutine, que Wen pria de «forcer Youkos à honorer son contrat» !

Mais à Moscou, entre Wen et son homologue M. Fradkov, la vraie question était ailleurs : comment partager le pétrole russe entre Chine et Japon/Corée?

Deux jours avant, Roh Moo-hyun le Président coréen s’envolait de Moscou avec 3,2MM de contrats, la plupart pétroliers, pour des projets à travers toute la Sibérie, du Tatarstan, (JV géante LG/Tatneft) à l’île Sakhaline et au Katchamka (exploration) via Khabarovsk (nouvelle raffinerie) !  

Seconde question cruciale, liée à la première : quel tracé, pour le futur pipeline géant?

Depuis la Sibérie voire l’Asie Centrale jusqu’aux marchés d’Extrême-Orient,  ce seront 6 000 km de tube, dont le prix en MM²découragera la redondance. Moscou veut aller à Nakhodka (Pacifique), pour fournir Japon/Corée. Pékin veut une bretelle vers le Dongbei, pour relayer son gisement de Daqing en fin de cycle. Il veut aussi un autre oléoduc sur son sol, Urumqi-Shanghai, garant de son indépendance  et de celle des ex-vassaux de l’URSS: Chine et Asie Centrale s’assureraient ainsi la liberté énergétique face à la Russie.

Face à l’offensive de charme coréenne, Wen Jiabao dut enchérir : 10MM d’investissements en Russie pour des échanges de 80MMpar an d’ ici 2020 (le triple d’aujourd’hui!), des achats possibles de centrales nucléaires... Signe de bonne volonté, Wen bouclait immédiatement avec Fradkov l’accord bilatéral pour l’entrée russe à l’OMC!

Échange de bons procédés : Moscou promettait de « faire en sorte que Youkos reprenne ses livraisons » et même les augmente, de 6Mt cette année à 10Mt en 2005 et 15Mt en 2006.

NB : les tergiversations de Moscou à livrer la Chine, montrent la pénurie d’un ingrédient, que l’investissement ne peut générer seul: la confiance.

Un autre paramètre pourra peut-être y aider : la coopération policière, réitérée par les deux 1ers ministres, contre le terrorisme islamiste, Ouighours du Xinjiang et Tchétchènes.

Avec la demande solvable en énergie et en armements, ce sont les trois liens les plus forts  entre Russie et Chine!

 

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