La nuit des élections du Legco (Parlement) à Hong Kong (12/9), le (re)comptage fut long : une force que nul n’attendait émergeait, la droite d’affaires sinophile, autour du DAB. De 7 sièges sur 30 à pourvoir, elle passe à 12.
Les démocrates ne gagnent qu’un siège, passant à 18. Avec les 30 autres députés non élus, la majorité pro-Pékin garde ses 34 élus sur 60, l’opposition passe de 22 à 25 : Martin Lee, son leader, exprimait sa « déception » suite aux manipulations privant 60% de l’opinion de sa victoire.
Ce verdict est d’autant plus inquiétant, que la 1ère réaction du Chef de l’Exécutif est de capitaliser sur la victoire, pour ressortir, au nom de la sécurité, l’impopulaire projet de loi pour restreindre les libertés.
Pour autant, dans ce verdict, tout n’est pas négatif.
1. La droite devient légitime : l’échiquier Hongkongais a désormais deux ailes fortes, Pékin est représenté.
2. Avec un taux-record de participation (56%, 12% de plus depuis 2000), la société Hongkongaise devient adulte et n’attend plus son salut frileux d’un patriotisme insulaire. Les démocrates devront se réinventer, lutter pour leurs libertés, pas contre la Chine.
3. Pékin a la divine surprise de voir qu’au jeu des élections, il peut gagner.
Quoique peu subtile, sa méthode associant pressions, promesses et remaniement des circonscriptions, a marché. Cette démarche, en plus de la victoire, lui a offert un « crash course » en démocratie électorale, sur un terrain sans risque: Hong Kong est son laboratoire, et l’expérience pourrait être reproduite – beaucoup plus tard- sur son sol. Enfin, une insupportable incertitude se résorbe : Pékin ne se sentira plus obligé, au pire, de lancer ses chars sur le rocher :
c’est autant de gagné, pour les deux bords!
Sommaire N° 30