Editorial : Adieu à Zhao, le dernier géant!

Le 17/1 à 07:01, s’est éteint à 85 ans Zhao Ziyang, immense figure de Chine moderne. Il vivait depuis 16 ans radié du Parti,  reclus dans sa coquette cour carrée  -le régime traite correctement ses leaders disgraciés!

Ensemble avec Hu Yaobang, Zhao avait forgé les réformes voulues par Deng Xiaoping : supprimé les prix d’Etat, créé marchés libres (pour enrichir le fermier) et Zones économiques spéciales (ZES) (pour attirer l’investissement étranger).

En 1988, pour avoir préparé en secret des réformes démocratiques avec élections, multipartisme, propriété privée, il irrita le «gang aux cheveux blancs» des vieillards gauchistes encore majoritaires. Sa disgrâce fut précipitée par sa rupture avec Hu Yaobang en 1988. Zhao croyait devenir l’héritier, après la chute de l’ex-allié : il devint au contraire la cible. En avril ’89, acculé, il appuya l’occupation de la place Tian An Men par les étudiants. Il croyait qu’un raz de marée populaire suffirait à le remettre en selle : pari qui coûta la vie à des milliers de jeunes, la nuit du 3 au 4 juin 1989!

Depuis décembre 2004, le trépas de Zhao fut préparé de main de fer pour prévenir un remake des troubles ayant ponctué la disparition d’autres tribuns socialistes tels Zhou Enlai ou Hu Yaobang. La troupe stationna sur la place TAM, devant la maison de Zhao, pour éviter tout rassemblement. La presse passa l’événement sous silence… Dans leur fermeté à rappeler les « fautes » du disparu, les hautes sphères trahissent une crispation, et une volonté de conservatisme, affirmant : « continuer inébranlables sur notre chemin… Rien ne changera! »

Tel est le prix de l’unité du pouvoir, voire du pouvoir tout court. Hu Jintao parle clair, pour rassurer la vieille garde,  ce qui lui donne une latitude pour agir sur d’autres fronts (cf page 1, sujet Sepa).

Car de HK, Taiwan et Japon viennent des  messages de sympathie non sollicités, posant la question de fond, celle de la révision du jugement sur le printemps de Pékin, spectre qui hante la société chinoise.

Or, son succès géant,la Chine le doit à Zhao mais aussi à ceux qui l’abattirent : la réforme lui survécut, tout comme ses idées qui ressuscitèrent.

Même les hommes de Zhao ressurgirent, tel Wen Jiabao, 1er ministre : preuve d’une capacité du régime à récupérer les  hommes et les idées valables!

Aux dernières nouvelles, Pékin s’apprêtait à honorer le défunt de funérailles modestes, à la mesure de sa confiance en sa propre capacité de franchir cette étape critique.

 

 

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