Editorial : Filières stratégiques!

Ça bouge en Chine, pour deux filières d’avenir.

En énergie nucléaire et en TGV , en toute logique, Pékin a opté pour un set de normes nationales. Or, pour ses  projets évoqués cette semaine, voilà qu’il choisit non un mais plusieurs outils, et autant de coopé avec les pays détenteurs des technologies!

En TGV, avant l’été, le projet de ligne Pékin-Shanghai était remisé en faveur d’un doublement de la vitesse à 200km/h, sur 2000 km  de tronçons entre Pékin-Shenyang, Pékin-Tianjin, Qingdao-Jinan, Wuhan-Canton, Suining-Chongqing. Les normes retenues étaient celles d’Alstom et le coût, 9,9MM².

Aujourd’hui, 3 groupes sont invités à produire en Chine 140 rames (3MM²), en JV avec leurs partenaires locaux : Alstom / Changchun Railway, Kawasaki /  Nanchi Sifang (Qingdao), Bombardier avec sa filiale  BSP (Qingdao) …

Côté nucléaire, Pékin confirme l’objectif de bâtir 3 centrales/an de 2005 à 2020, afin de quadrupler leur nombre (à 36) et quintupler leur puissance (à 36Gw). Le 21/7, Pékin a octroyé 2  tranches de 1000Mw à EDF/Areva, sur le site de Ling’ao (Canton) qui en abrite déjà 2. Avant décembre 2004, EDF pense obtenir 2 autres commandes à Qinshan (Zhejiang). Le futur site de Yangjiang (Canton) pourrait recevoir 4 à 6 modèles de prochaine génération, EPR pour EDF, AP1000 pour Westinghouse.

Ainsi, malgré son choix d’une filière unique (celle d’EDF), Pékin semble poursuivre le saupoudrage de ses coopérations entre filières française, nipponne, russe, US, voire canadienne !

Question : pourquoi cette stratégie apparemment contreproductive, qui ne lui offre aucune perspective de dépasser l’actuel goulet d’étranglement en énergie et en transports?

En développement, production et entretien, 3 TGV ou 4 filières seront plus chères qu’une seule. Elles freineront le programme d’équipement chinois, et grèveront ses chances de devenir leader mondial!

Les raisons de ce choix économiquement irrationnel, jettent un éclairage inattendu sur les difficultés des leaders de ce pays, prix de sa structure autoritaire et de ses dimensions démesurées.

1. Raison stratégique, à laquelle le Parti communiste (PCC)  est hypersensible: en chemin de fer comme en énergie, la dépendance étrangère est inévitable, mais Pékin redoute celle vis-à-vis d’une seule puissance, capable de l’immobiliser d’un seul bouton d’ordinateur.

2. Pressions extérieures : avec son export en centaines de MM², la Chine n’est pas en position de refuser les filières de ses partenaires. Donc, on prend tout le monde, ceux qu’on voulait, et les autres!

3. Pressions intérieures : les provinces ne se laissent pas imposer leurs choix technologiques par Pékin -surtout si elles paient (comme Canton)…

Enseignement : nucléaire et TGV explicitent la mince marge de manoeuvre de Pékin, dans sa croisade pour fédérer son marché. Vu ses besoins abyssaux et la rareté de ses crédits, elle devra, longtemps encore, faire jouer la concurrence, et les financements mondiaux!

 

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