Editorial : La Chine sous la canicule !

L’été est là, avec ses citadins dévêtus, cherchant la paix nocturne après la touffeur du jour.

 Les 1ers jours du mois apportèrent les intempéries attendues et redoutées, le typhon Mindulle entre Taiwan et la côte, relayé au Centre et Sud-Ouest par les orages et coulées de boue. Canton battit son record de canicule, avec 39°C.

Bilan: des centaines de morts, des milliers de sans abri—ce n’est qu’un début.

Les crues se plaquent sur l’aridité, sans l’abolir.

A Shanghai, la rivière Suzhou dépasse de 4,5m la cote d’alerte.

Mais à Shenzhen, les réservoirs sont aux 3/4 vides avec 80Mm3, assez pour 1 mois.

Ceux de Pékin, du Shandong, du Dongbei connaissent le même état critique!

Shanghai se prépare au choc, ensemence les nuages afin de susciter l’averse, bloque à 26°C les climatiseurs publics, et annonce l’extinction des néons du front du Huangpu, orgueil de la 龙头 longtou, «tête du Dragon» : on économisera de quoi rafraîchir 10.000 foyers! A Pékin, 6.400 usines gâcheuses d’énergie devront offrir 7 jours de congé-chaleur à leurs employés…

D’autres contrôleurs (de l’Administration Nationale de la Qualité) font la grimace, en testant les crèmes glacées : sur 183 produits entre 14 provinces, seuls 40% passent la rampe. Les 3/4 des glaces sont aux normes, mais seuls 27% des eskimos, le reste est en infraction bactériologique, de teneur en graisses, sucres ou protéines!

Le stock de charbon s’amenuise (98Mt) : de nombreux projets d’énergie apparaissent alors, telles ces 6 centrales nucléaires (x1000Mw) de la CNNC, dont 2 à Sanmen (Zhejiang) : l’appel d’offres international est imminent, pour 2,4MM$.

Enfin, la Chine fait ses comptes : sa croissance au second trimestre a atteint 11,3%, pic inouï. Mais à présent, le triomphalisme n’a plus cours. Zhang Jun, économiste, compare son pays à l’Inde : la Chine dévore le triple d’énergie, 15 fois plus d’acierpour une économie double, et 10% de vitesse supérieure. Le coût de cette mince avance est exorbitant : 16 villes chinoises comptent parmi les 20 villes les plus polluées au monde, 700M de Chinois sont condamnés à boire de l’eau dangereuse.

De Pékin à Canton, la Chine n’est que trop consciente d’être lancée dans une course délétère, dont la courbe va devoir être brisée. Elle semble pas encore certaine d’y parvenir, avec sa paralysie politique, le bras de fer Hu Jintao – Jiang Zemin qui s’éternise, dans les méandres secrets de l’appareil !

 

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