Pol : Erection des labos – le Viagra débreveté

— Portée – croit-on- par les troupes légères des oiseaux migrateurs, la fièvre aviaire est de retour.

Un foyer vient d’être identifié dans un élevage de Juchao (Anhui). Immédiatement, le bouclier rôdé lors des attaques précédentes fut déployé : 22.000 volailles abattues sur 3 km, 122.000 vaccinées sur 8km, toutes exportations suspendues. D’autres foyers apparaissent simultanément en Thailande et au Viet Nam.

La situation est prise très au sérieux dans ces pays, car le virus H5N1 est transmissible à l’homme et a fait 24 morts au monde en 2004. Instable, le virus peut muter à tout moment, et cherche la faille dans la cuirasse humaine, permettant de combiner forte contamination (grippe classique) et mortalité foudroyante (fièvre ebola). Du coup, les éleveurs affaiblis par la 1ère vague de fièvre (par les M de poulets perdus), hésiteront avant de réinvestir.

Une intuition des savants prend du poids : ce mal apparu 2 ans plus tôt, risque de s’avérer inextirpable de l’Asie !

— Ambassadeur à Pékin, Jean-Pierre Lafon nous quitterait après 2 petits ans en poste, promu Secrétaire Général du Quai d’Orsay.

Pour lui succéder, figurent Cl. Martin (son prédécesseur de ’90 à’95, actuel ambassadeur à Berlin), Thierry Dana (Directeur de la région Asie), Jean-David Levitte, (ambassadeur à Washington).

Derrière ce mouvement, un jeu de chaises musicales. Alain Juppé, ex 1er Ministre de Jacques Chirac de 1995 à 1997, Président de l’UMP, doit reprendre l’ambassade aux Etats-Unis. On sait le verdict de justice de janvier, qui le frappe de 10 ans d’inéligibilité, dont l’appel tombe en octobre.

Sans attendre, Juppé préfère le repli près la Maison Blanche : diplomate respecté, intime de Jacques Chirac, il pourra aider les deux  pays à surmonter leur crise. À Pékin, dans la sphère expatriée (où les bons mots ne perdent jamais leurs droits), “Comme quoi, entend-on, même la politique chinoise de la France, passe par Washington”!

— Victime de son succès en Chine, le Viagra!

Après sa certification en 2000, il s’en vendait neuf fois plus de faux que de vrai , sous les noms de Weige (grand frère), Huge (frère protecteur), ou "wan ai ke, (capable 10.000 fois).

C’est que la Chine a toujours produit ses propres remèdes à la faiblesse virile, à base de corne de cerf (ou de rhinocéros!), pénis de chien et autres précieuses raretés. Avec Viagra, ils perdaient leur marché!

Dès 2001, douze laboratoires tels Hongtaomao (Jilin) ou Lianxiang(Tianjin) exigeaient du Bureau de la Propriété Intellectuelle (BPI) la déclassification du brevet.

Ce 7/7, c’est chose faite : les experts du BPI ont retiré sa protection de marque à la molécule de Pfizer, (n°1 mondial pharma), et donné raison aux plaignants qui récusaient la nouveauté du  Viagra, dérivé selon eux d’un remède contre l’hypertension.

Pfizer fait appel et suggère que son introduction en Chine, d’ici 2009 de 15 remèdes en cours de certification (contre l’arthrite, l’infarctus, et de maladies neuro-et ophtalmologiques) serait remise en cause.

Pour la Chine, le contrecoup pourrait être encore plus grave: tant l’Union Européenne (où le Viagra fut développé) que les US (où Pfizer a sa maison mère) suivent ce procès de près, comme un des phares de la volonté chinoise de protéger l’invention étrangère: des rétorsions sont envisageables!

La petite pilule bleue constituerait en Chine un marché très lucratif, de 100M² en 2003, au coût de production de 0,1² pour une vente à 10²/pièce. Le verdict du BPI rend accessible sa formule à tous labos chinois, dont Diao Ao (Sichuan), qui en réclame la licence de fabrication depuis trois ans, “pour le bien-être du consommateur”. Alors, le prix de la pilule de puissance descendrait des trois-quarts!

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire