Occulte conseillère des grands de ce monde, Yu Ximan s’adressa (30/6) à 80 cadres usées, discrètes et fort puissantes sexagénaires, ayant pratiqué toute leur vie l’art de l’insignifiance comme mode de survie.
Elle leur parla sans fard : « En ren-trant chez vous, mirez-vous je vous prie, en votre miroir! Découvrez les trois plus belles régions de votre corps. Veuillez ensuite embellir ces zones privilégiées : vous renforcerez ainsi votre confiance en vous!»
L’affaire remontait à loin. Depuis des lustres, sourdaient les murmures sur ces vestiges de l’histoire, vénérables mais déserts de charme, jamais maquillées ni attifées. Mais à l’automne de l’existence, après avoir donné leur vie à l’érection du socialisme, comment convaincre ces femmes de se faire belles? Yu trouva l’argument qui porte: «quand on passe à la TV et représente la Chine à l’étranger, on ne peut plus garder l’apparence d’une paysanne». Deng avait dit que «socialisme ne doit pas rimer avec paupérisme». 2004 ajoute : «ni avec mocheté».
Au sommet de l’appareil, les choses sont claires : pour une femme, 漏泄春光 lou xie chun guang, «laisser transparaître la lumière du printemps » -dévoiler ses charmes- est un devoir, sinon pour soi, du moins pour la Nation !
Sommaire N° 26