Petit Peuple : Harold et Maud au Liaoning!

En ce village près de Shenyang, sous les crépitements des pétards et les tons nasillards des fifres, le mariage fut célébré (9/6) sous les lazzis des imbéciles.

L’union, il faut bien dire, avait de quoi choquer : Huang le fiancé avait 33 ans, et Liu sa promise, le double.

Par cette noce pourtant, Huang brisait enfin avec 33 ans de guigne. Cadet de sa famille, il souffrait d’un esprit brouillon et de ma-nières frustes, fruit d’un échec scolaire qui masquait une timidité maladive. Les 4 filles qu’on lui avait présenté s’étaient enfuies -il ne les avait pas retenues. Depuis lors résigné à la solitude, il vivotait des paniers qu’il tressait et vendait au marché du canton. Mais voilà qu’en 2003, une cliente s’approcha : c’était Liu, au visage de bonne fée. Miracle! Cet autiste fut immédiatement ravi par son sourire, son bavardage chaleureux. La nuit suivante, dans sa soupente, fut blanche et fiévreuse… 3 jours après, quoiqu’elle lui ait caché son adresse, il était chez elle, racontant son amour, sa vie passée avec éloquence  inouïe. L’accueil fut tout d’abord frais : ce dadais était plus jeune que ses 5 enfants, tous mariés. Veuve, son union avait été tout sauf heureuse. Elle se croyait 古井无波, fanée pour les choses du coeur (gu jin wu bo, “vieux puits sec sans frissons”) : elle lui ferma sa porte. Il insista, s’astreignant à écrire tous les jours des épîtres de jouvenceau, jusqu’à ce que des mois après, elle voie clair: ils partageaient une destinée commune! Tous deux avaient été maltraités par la vie, pour avoir trop vite renoncé à écouter leur coeur, au nom du qu’en dira-t’on et des attentes des autres. C’était la 1ère fois, elle le voyait bien, qu’on l’aimait… Elle accepta donc l’homme, et le nouveau destin.

La suite fut plus facile : il fallut convaincre les enfants de Liu, les voisins de les laisser filer le parfait amour. Au Landernau, la plus grande résistance vint finalement moins de l’écart d’âge, que de cette prétention, encore inconnue en Chine (plus encore, à la campagne) de donner libre cours à, et de partager un sentiment !

 

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