Les 7 et 8 juin 2004, 7,23M de jeunes tentaient le gaokao 高考, bac chinois : record historique (+18%). Depuis 1999, le chiffre a plus que doublé tandis que les places d’études passaient de 1 à 3,5M.
Bonne nouvelle : les candidats ruraux prennent la majorité (55%), et leurs parents devront s’endetter en cas de succès : la place d’étude revient à 600€/an, trois fois le revenu paysan moyen.
L’examen compte 2 versions, lettres et sciences, à choix multiples. Pour 7M de familles, il est la porte étroite, soit vers l’enfer, soit le paradis : ce succès est la seule chance de promotion sociale, pour le jeune !
D’où une tension inévitable, et son corollaire, la fraude. Cette année pour la 1ère fois, les jeunes ont dû signer une promesse d’honnêteté, sous peine de poursuites judiciaires. Le vice-min. Yuan Guiren a promis de punir sans faiblesse les 3 grandes techniques de triche, en croissance constante: le mulet (étudiant pauvre qui se substitue au cancre riche), l’électronique (réponses livrées via SMS), et la «pompe collective».
Cette année se caractérise aussi par une formidable incertitude. Parmi les jeunes en fin de cycle, à trois semaines du diplôme, 50% n’ont pas réussi à se faire recruter d’avance. Le chômage urbain est bien plus haut que les 4,3% officiels : se battant toujours plus sur le marché des 110M de migrants, les jeunes cerveaux doivent passer par le chômage ou salaires de misère, auxquels leurs études ne les ont pas préparés!
Seul moyen de se prémunir : avoir les meilleurs notes au gaokao, qui ouvrent la porte des meilleures facs. Erga : les cours privés d’été pour lycéens sont complets un mois à l’avance – dans leur concurrence effrénée, les ados chinois n’hésitent pas à sacrifier leurs congés estivaux !
Dernière touche au tableau : Beida, Tsinghua, parmi les plus belles universités du pays, offrent 100 places aux meilleurs impétrants de HK – sans gaokao. Toutefois, rien sans rien : sourcilleusement, on attend d’eux qu’ils montrent patte blanche, promettent de respecter la loi fondamentale— de ne pas voter pour les démocrates.
C’est une question d’enjeu. «On » investit en eux, prochaine génération de cadres politiques de HK, fidèles au régime et pourtant représentatifs, l’esprit de HK et son contraire. C’est ce qu’a su comprendre le candidat Chiu Kin Hong, répondant aux journalistes insulaires: « aucun problème, c’est approprié !» Manière de rassurer, pour intégrer!
Sommaire N° 22