Le 17/5, la tutelle boursière CSRC prit la décision attendue depuis 4 ans :
Shenzhen pouvait ouvrir son marché secondaire pour valeurs technologiques. Pour autant, la métropole sudiste conservait son marché primaire, démentant le plan original qui déplaçait ce dernier vers Shanghai, afin de donner à chaque ville un marché national complet.
Précision : il ne s’agit que d’une étape, sur le chemin vers une bourse autonome et autogérée des valeurs à risques, à l’image du GEM (Hong Kong) ou du Nasdaq (New York). La bourse secondaire de Shenzhen n’est qu’une annexe de la principale, soumise aux mêmes règles contraignantes, telle l’obligation de 3 ans de profits démontrés. La seule différence étant un index et des codes séparés. Cette bourse devrait fonctionner dès juin, avec pour pécule de départ une 50aine de PME triées sur le volet, nanties d’un droit de tirage de 50M de parts. Ce n’est que sous 3 à 5 ans que les conditions d’accès seront assouplies et la césure réalisée entre les deux marchés.
Autre caractéristique, ce nouveau marché ne règle en rien les tares de l’ancien, à commencer par le casse-tête de l’écoulement des 2/3 de parts d’Entreprise d’Etat listées, pour l’instant incessibles. Les opérateurs de la bourse conventionnelle l’ont bien compris, et dans les 5 jours précédant le feu vert au GEM chinois, sa rumeur fit baisser l’index de 5,2% à Shanghai et 6% à Shenzhen, au nom d’un argument écrasant : davantage de firmes devront à l’avenir se partager autant d’épargne !
Mais telle est justement la stratégie de la CSRC. Jusqu’à hier, en dépit de nombreuses bonnes intentions, la bourse demeure le privilège exclusif des grandes entreprises d’Etat (GEE).
Firmes privées et PME doivent se partager les miettes de l’autre source de financement (également très orienté vers les firmes d’Etat) : la banque. Au moment où Pékin entame un très sérieux resserrement du crédit (anti-surchauffe!), ne rien offrir en compensation aux démunis, serait condamner le secteur privé à la récession. Voilà donc le marché boursier secondaire chinois : 29,3 millions de PME publiques et privées (dont un quart à prétention technologique), 75% de l’emploi et 51% du Produit Intérieur Brut. En même temps, il s’agit d’alléger le marché des banques, qui offrent trop souvent aux gros un crédit « par piston », causant des dettes, sans profit final pour quiconque.
L’autre objectif, est de redonner un coup de pouce à Shenzhen, injustement sacrifiée (sous l’angle boursier) à Shanghai depuis 42 mois. Les PME de Shenzhen, très dynamiques, seront les premières à en profiter.
On peut enfin s’étonner de voir le Conseil d’Etat se lancer dans l’aventure, en cette période de conjoncture faible, encore illustrée par la contre-performance de China Telecom lors de sa cotation (19/5) en bourse de Hong Kong, avec 1,7milliards de $ de recettes au lieu des 3 milliards attendus.
A cela, deux réponses possibles :
(1) si la Chine veut disposer, comme le monde d’une panoplie boursière complète il faut bien se lancer un jour, et
(2) pour offrir une alternative de crédit aux PME et au privé, il y avait urgence !
Sommaire N° 19