Ce 31/1 au tribunal de Shanghai-Jiading, dans l’affaire Chen contre Chen, le juge s’était pourtant cru équitable. Zhenxin l’aîné attaquait Zhengang le benjamin et Zhenshan le cadet.
Motif : avoir enterré leur père en cachette, au cours de 4 ans de saga aux rebondissements scandaleux et éprouvants. Lors du décès en décembre 2000, Zhenxin et sa moitié pensaient offrir à l’ancêtre dans la ceinture forestière autour de Shanghai un repos éternel vert, moderne et écolo : quelque chose de jeune et sympa, donc. Mais vieux jeu et buté, le clan avait coulé le projet, suite à quoi le couple irascible s’était retiré sous sa tente, tonnant qu’ en ce qui le concernait, les autres pouvaient f… l’urne où bon leur sembleraient.
S’ils croyaient qu’on viendrait les rechercher avec contrition, lourde erreur: 18 mois après, sans tambours ni trompettes, les cadets inhumaient le pater familias, taisant sur la stèle les noms de la banche Zhenxin, au mépris de 2500 ans de code confucéen de piété filiale! Le juge les astreignit donc à payer avec Zhenxin une autre pierre rétablissant l’arbre familial. Gang et Shan subiraient seuls les 210² de la 1ère dalle, mais non les 500² de préjudice moral réclamé par Xin, que le magistrat débouta. Mais l’effet de ce jugement de Salomon ruina les espoirs du juge : tous les frères firent appel, les uns exigeant à grands cris des excuses écrites, l’autre réclamant en prime, son pretium doloris. Quant au père, au spectacle des enfants déchirés sur la bonne manière de l’enterrer, 死不瞑目 si bu ming mu, il s’en retourne dans sa tombe. En chinois, cela se dit : “mort, il ne peut pas fermer les yeux”.
Sommaire N° 17