Au Sichuan, grand comme la France, plus des deux tiers des 100M habitants se concentrent à l’Est, sur un tiers du territoire : ce sont des Han, le reste de la province étant le monde montagnard 外藏 waizang («tibétain du dehors»).
Devançant la marée touristique du 1er mai, nous avons roulé 1000km à l’Ouest de Chengdu la capitale, à travers ces paysages splendides, non agressés par pollution et rage immobilière.
Prologue: Ya’an et les gorges de Bifengxia: el-les abritent un zoo en liberté, une vallée de fa-laises, torrents et forêt primaire d’une biodiversité imbattable, et une réserve de pandas.
Tournant le dos à la civilisation, on monte en altitude. En bordure d’un torrent furieux, Moxi est la porte de Hailuoguo, ravin aux conques, et du Mont Gongga (7556m, n°11 mondial). Le paysage se mue en alpages, avec de surprenants chalets suisses aux longs balcons et toits de bardeau. A 2700m, sous le glacier nous attendent les plus belles sources chaudes du pays, à ciel ouvert, température variable selon altitude !
Plus au Nord, apparaissent des villages de minorités d’une splendeur à couper le souffle.
Danba expose ses joyaux des jiaodao, tours de guet familiales de 1700 ans et 20m de haut. Jiaju compense ses hauteurs plus modestes par une architecture de bois et pierre polychrome.
La route culmine à l’aube, à 4640m au col de Qinxi. Les routiers y refroidissent leurs freins à l’eau des torrents, les camelots vendent herbes médicinales et miel sauvage, brochettes de yak ou de moineaux. Puis c’est la descente vers Chengdu, via Dujiangyan, sa base arrière.
Quoique vierge d’usines, cet Ouest sichuanais mute, et s’enrichit. L’élevage autarcique recule en faveur du tourisme, avec une série de parcs-réserves autour de monts tels Siguniang («les 4 filles»), Jiuzhaigou, Wolong (pandas!) voire Emei (une des 5 montagnes sacrées chinoises).
Tout ceci est fruit de volonté politique, surtout de l’étonnant réseau routier, toujours meilleur à mesure que l’on s’éloigne de la capitale !
Sommaire N° 17