Au 1er mai 2004, entre autres effets imprévus, l’élargissement de l’Union Européenne à 25 Etats voit s’accélérer l’intégration avec la Chine! Aux 135MM² du commerce bilatéral de 2003 (+13,5%) s’ajoutent les (+-) 11MM² d’échanges avec les 10 néo-adhérents. Cette seule raison explique l’attrait du Vieux Continent pour l’Empire du Milieu : elle l’aide à contenir son déficit commercial et à payer sa note pétrolière!
Qui plus est, au contraire des US, l’UE est placide vis-à-vis de l’excédent chinois, actuellement 55MM² (contre 125 MM$ aux US), qu’elle n’attribue pas primairement à une déloyale sous évaluation de sa monnaie…
Autres charmes de l’Europe aux yeux de Pékin: ses nouvelles mensurations. Avec 450Mhts, 18% du commerce et 25% du PIB globaux, on peut prévoir qu’une fois organisé et mature (d’ici quelques décennies), ce monde dépassera les US en poids monétaire, voire politique -il le fait déjà en puissance industrielle.
Ceci rejoint l’argument pressenti par Mao Zedong 40 ans plus tôt, d’un monde multipolaire et d’un contrepoids européen à l’ «hégémonisme US».
Les relations ne furent donc jamais si bonnes. Pékin accepte sans rechigner les modestes quotas d’ail et champignons accordé par Bruxelles, au titre de ses «pertes de marché» (VdlC n°13).
Elle subit sans se plaindre ses 37 quotas textiles (5/1) chez les nouveaux membres. Elle prend philosophiquement le maintien jusqu’à nouvel ordre de l’embargo européen sur les ventes d’armes – sur refus de l’Irlande et des pays scandinaves, dans l’attente d’une embellie significative des droits de l’homme sur son territoire. Li Zhaoxing le ministre des Affaires étrangères sourit, affable : «Toutes les bonnes choses doivent se faire attendre !», dit-il.
Pour la Chine, nouveau «membre gris», l’Europe à 25 vaut bien une messe!
Sommaire N° 16