Pol : Sursis pour le Grand canyon d’Asie

— En juillet 2003 (VdlC n°24/VIII), en lançant 1/2M de citoyens dans les rues, Hong Kong refusait un projet de loi d’exception, et réclamait l’élection de son gouverneur dès 2007 (conformément aux  dispositions de sa “Loi Fondamentale”).

La semaine passée, le Bureau de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) se réunissait pour statuer.

La réponse (6/04) fut une (prévisible) fin de non-recevoir : échaudé par le scrutin à Taiwan en mars, Pékin fait barrage via son Parlement, pour rappeler que lui seul peut amender la mini

constitution. Il se protège d’une victoire électorale des autonomistes insulaires en septembre, qui les mettrait en position de tenter un “coup d’Etat légal”, en introduisant unilatéralement le suffrage universel.

Mais cette pression n’est pas sans risque : après son coup de force, Pékin voit son image abîmée à HK, où d’autres manif étaient annoncées, dès dimanche 11/4 : l’heure n’est pas à la soumission.

— Pour le Professeur He Weifang, expert en droit, ce verdict serait une “gifle” du pouvoir cantonais au gouvernement central, et renierait le principe inscrit en mars dans la constitution, du respect de la propriété privée. En mars, quatre journalistes du groupe Nanfang étaient arrêtés ou condamnés (dont 12 ans pour Yu Huafeng, DG et Redacteur en chef adjoint de Southern Metropolis), sous l’accusation était de corruption -90.000$ et 70.000$ de primes du journal avaient été partagées entre membres de la rédaction.

Raison réelle, selon les journalistes : avoir dévoilé en décembre 2003 un nouveau cas de Sras que Canton voulait taire. Ce qui est nouveau dans cette histoire, est moins le verdict (d’une valeur juridique faible) que la montée au créneau de la rédaction qui fait appel, et d’intellectuels influents, qui en appellent contre Canton auprès de Pékin, au nom de ses propres principes!

— On s’était surpris (cf VdlC n°10-11) de la vigueur d’une campagne verte contre les “2 barrages à 13 niveaux” projetés dans la vallée de la Nu (2800 km, Yunnan, Tibet, ASE).

Deux thèses s’affrontaient :

[1] celle du gouvernement de Kunming et du groupe électricien pékinois Huaneng, ennivrés par la perspective de 21GW/h (plus que les “3Gorges”).

[2] et celle du “Grand Cañon d’Asie”, dernier écosystème tropical vierge d’Asie continentale, au patrimoine de biodiversité aussi fragile qu’unique. S’étant dispensée du permis de Pékin, la JV Kunming-Huaneng était illégale. Finalement, le 1er ministre Wen Jiabao a décidé de différer les travaux de Liukui, le 1er ouvrage, le temps d’une étude indépendante, par un rare  “Comité pour le Développement  Nat’l et la Révolution”. Le CDNR devra évaluer la portée environnementale “jusqu’alors ignorée” (sic).

Ainsi, Wen Jiabao prouve le sérieux de son principe, de favoriser la qualité de la vie sur le profit. A noter que ce combat n’est pas gagné: le permis n’est que différé à ce stade.

NB:le projet comptait de puissants adversaires, tels la SEPA, la CASS et de pays riverains de la Nu, tels Thaïlande, Vietnam et Cambodge!

 

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