— La position d’Intel en Chine est inconfortable.
En mars (VdlC n°10-11/IX), le géant du microprocesseur refusait le diktat du MII, de charger ses puces de standard Wi-Fi, avec un code-source qu’il ne maîtrise pas. Passée la date limite, Intel menaçait de rupture de fourniture à ses clients chinois.
Nonobstant, le 7/4, il pose à Chengdu (Sichuan) la 1ère pierre de sa 2de usine d’assemblage et tests de semi conducteurs, d’un coût de 375M$, au personnel de 675 ingénieurs. L’usine fait suite à celle de Pudong, à ses 30 start ups, 14 bureaux et 3 labos de R&D à travers le pays. D’ici décembre 2004, l’invest d’Intel en Chine aura franchi le MM$. Il faut dire que la part chinoise du marché mondial de l’assemblage/testage de puces (évalué à 22MM$) monte sans cesse, atteignant aujourd’hui 16%. Ceci explique le peu de marge de manoeuvre pour Intel : quand on est gaufrier électronique, on ne peut pas faire l’impasse sur la Chine!
— Lucent Technologies, leader US des équipements de télécommunications, fait le ménage dans sa direction chinoise, congédiant le Président Jason Chi, le DG et des directeurs finance et marketing pour infractions aux règles US sur les financements occultes. Lucent reproche à ses employés d’avoir versé des bakshish à des cadres locaux, pour conserver ses marchés en Chine – 931M$ et 11% de son chiffre mondial en 2003.
Le scandale vint d’Egypte: la Security and Exchange Commission (SEC) et le Department of Justice, chiens de garde du Foreign Corrupt Practices Act, avaient passé au peigne fin les comptes de la filiale, déclanchant en 23 pays une cascade d’enquêtes par une maison qui clamait fort sa volonté de coopérer. Le Act prévoit des sanctions de 2M$ d’amende pour la firme fautive et de 100.000$ voire 5 ans de prison aux cadres. Pour Lucent, c’est un coup dur. L’administration chinoise pourrait y voir une atteinte indirecte à sa souveraineté. Les services ayant profité des largesses souffriront doublement, de la perte de revenus et des poursuites judiciaires chinoises inévitables. Lucent doit donc s’attendre à un stage de purgatoire…
Cette affaire qui s’explique par la volonté des US de tourner la page de ses retentissantes faillites (comme celle d’Enron, en 2002) n’implique pourtant aucune chance de vaincre cette pratique de la corruption d’affaires, tant ses avatars sont nombreux et son principe, universel!
Sommaire N° 14