— La proximité des élections présidentielles en Russie est peut être pour quelque chose dans la fin de non-recevoir opposée à la demande chinoise de leaser 65% du port sibérien de Posyet (cf VdlC n°15).
Refus implicite, notifié par la rumeur d’une reprise par le sidérurgiste russe Mechel. Demandeuse, la province du Jilin ne semble pas plus chanceuse avec le port de Zarubino presque en faillite, dont les propriétaires russes préfèrent accumuler les déficits. Posyet traite 835.000t de fret (+37%) en 2003—30 ans plus tôt, il a été conçu pour le double. Un tel investissement croisé, pour export de charbon et autres produits vers Japon et US, est en discussion entre tous ces pays depuis des lustres. “Ils produisent du charbon et nous aussi”, dit un cadre d’une firme russe charbonnière, “cela n’a pas de sens d’aider sa propre concurrence”.
NB : La Chine (et pas la Russie concentrée derrière l’Oural) semble seule capable de développer cette Sibérie désertique, ce qui effraie légitimement les autochtones!
— Du 1 au 5/3 à Pékin, Pervez Butt, Président de la Commission Pakistanaise à l’énergie atomique a quasiment bouclé l’achat de Chasnupp-II, 2d réacteur nucléaire chinois à installer à Chasma (Punjab), d’une capacité égale (300MW, faible puissance), et d’un coût de 650M$. La 1ère centrale fonctionne depuis 1999.
Les 2 pays insistent que ce contrat est d’usage exclusivement civil -mais comme Chasnupp-I, Ch-II produira du plutonium, matière 1ère de la bombe pakistanaise, obtenue avec l’aide de la Chine.
NB: Islamabad vient aussi de tester avec succès (9/3) un missile capable de transporter une ogive nucléaire sur 2.000km.
— Chose rare en Chine, une campagne se mobilise contre un projet public, visant l’érection de 13 barrages sur la vallée de la Nu (Yunnan). Un des derniers pôles mondiaux de biodiversité, ce bassin abrite 22 minorités ethniques en un éco système rassemblant 50% de la faune (80 espèces dont le fameux léopard des neiges) et 25% de la flore chinoises (7000 plantes).
La SEPA, la CASS et 15.000 pétitionnaires de l’Union des volontaires Verts de Chongqing, voire Wen Jiabao en personne voient l’agonie de ce patrimoine, et l’envoi en enfer de 50.000 autochtones. Initialement prévu pour 2003, le chantier a été repoussé.
A long terme toutefois, les chances de réussite sont hasardeuses, alors que la Chine est en rupture de courant.
Cet affrontement rappelle celui autour du barrage des Trois Gorges en 1993 : alors, 1000 députés avaient voté contre, et un moratoire avait été promis par le pouvoir, “pour 5 ans”. Deux ans après, les travaux débutaient.
Sommaire N° 10