Inquiète, Pékin voit sa vulnérabilité face à l’ingrédient 1er de la croissance -l’or noir. 3ème usager mondial, ses imports de 70Mt en 2002 couvrent 30% de sa demande, qui monte (+15% /an).
Depuis 10 ans, elle a cherché à se diversifier, mais ses participations à l’étranger sont trop souvent situées (prix à payer pour pénétrer ce marché dominé par les majors) en pays instables: Algérie, Indonésie, Iran, Irak, Soudan… Aussi à quelques jours d’une guerre contre l’Irak, Pékin «met le paquet» pour renforcer sa position de producteur et d’acheteur :
[1] Cnooc et Sinopec achètent (6-12/3) les 17% de parts de British Gas dans le champ en consortium sur la mer Caspienne, Ouest-Kazakhstan, d’une capacité estimée à 13MM barils (1/10 de l’Irak). Chacun paiera 615M$ à British Gas, dont le profit serait 780M$! A ce prix, Shell, Exxon, Agip, Elf, Conoco et Inpex, les autres membres du consortium devraient renoncer à exercer leur droit de préemption !
NB: pour rapatrier ce pétrole vers l’Est, d’ici 2006, 1/2 du pipeline existe depuis jan. Pour l’autre 1/2, une autre EE pourrait contribuer : CNPC, propriétaire du champ kazakh d’Aktobe depuis 1997.
[2] D’ici 2005, Sinopec, qui a vu ses profits fondre de 86% au 1er trimestre, en partie en raison d’une faiblesse en production, veut investir 1,2MM$ dans la prospection off shore.
[3] Au chapitre -polémique- des réserves stratégiques, le pays vient d’affecter 1,7MM$ à des achats -ici aussi, au prix fort, 37$/baril. Le plan actuel évoque un objectif de 6Mt en 2005, et jusqu’à 75Mt en 2010 – soit 3 mois de la consommation attendue cette année-là.
[4] Justement, le marché à terme shanghaien sollicite (13/3) l’ajout du pétrole à la liste des futures. Demande que la CSRC approuvera -peut-être.
Longtemps bannie par crainte de débordements spéculatifs, cette pratique permettra de payer moins cher les 100Mt d’imports prévus en 2005 – et une accélération de l’entrée au marché financier global.
Sommaire N° 9