Deux événements font que depuis des semaines, plus rien ne se dit publiquement en Chine : la tension avec les US autour de l’Irak et de la Corée, et l’imminence du changement de gouvernement (5 mars, Plenum de l’ANP) !
Ceci nous donne loisir d’évoquer Tianjin (10M d’habitants), qui quitte soudain sa léthargie pour se plonger dans des plans pharaoniques d’urbanisme futuriste.
Tianjin en a les moyens: 20 ans d’industrialisation, sa zone TEDA, son port de Tanggu lui assurent en 2002 un PIB de 24MM$ dont 20% en services : 1er revenu de Chine du Nord, supérieur à Pékin. Elle s’offre donc un époustouflant ravalement, à 24MM$ sur 15 ans, dont 2,4 d’ici 2005.
l Avec ceux d’autres métropoles chinoises, ce plan offre bien des similitudes: démolition massive de quartiers traditionnels, gigantisme et spéculation autour de chantiers aux noms ronflants – «Héritage, Loisirs, Business, Intelligence, Maritime»...Déjà 18Mm² ont été abattus et 1,5M de gens relogés -apparemment satisfaits car bien compensés. 15km² seront rebâtis au centre, 300 en banlieue, sertissant de béton quelques 100aines de joyaux historiques -temples bouddhistes, ex-concessions étrangères…
Ce sacrifice permet à la ville de se redessiner selon ses rêves, et selon les canons de l’esthétique la plus récente. Dès 2003, on (re-)construit 4 routes, 2 ponts, des centrales d’épuration, une ligne de métro sur berges, ainsi que 7 zones d’1M m² ou plus chacune, alternant parcs, marinas, stades, un opéra, deux musées, et les inévitables tours d’hôtels, de logis, de bureaux et de commerces. Variété et qualité du design seront garantis par la présence dans le concours de 38 architectes étrangers.
l Par rapport à des villes comme Pékin, Tianjin a deux atouts : avoir commencé plus tard (évitant leurs erreurs), et disposer des 72km de la rivière Hai, hier pour ses usines, demain pour ses loisirs. Du centre-ville à la mer, un concept global a été imaginé, avec zones à vocations distinctes, promettant une ville plus verte et ludique – plus attractive pour les affaires. Le financement se fera à toutes les sources: investissements publics, BOT, et surtout achats fonciers par une bourgeoisie locale enrichie (6000$/an /ht en 2010), fière de s’afficher, après 50 ans d’effacement dans l’ombre de Pékin, comme une des villes les plus créatives du pays!
Sommaire N° 7