Sur cette passerelle du 3ème Périphérique à Haidian, les bourses s’envolent à tire d’aile: n’ayant pour les arrêter qu’une vieille au brassard rouge-gris sale, les pickpockets sont à la fête.
Mais quand Melle Lu porta sa plainte au Commissariat du Bambou pourpre, quelle ne fut pas sa déconvenue, en s’entendant répondre “De quel côté du pont au juste fûtes–vous détroussée?”, avant de la réorienter vers le poste du Temple de la Cloche (le bien nommé), qui la retourna à l’envoyeur.
Après 3 aller et retour, Lu finit par saisir: les 2 commissariats avaient leur frontière domaniale au milieu du pont, et se rejetaient mutuellement la responsabilité du site, devenu par leur faute une formidable cour des Miracles.
Mais vint le grain de sable dans ces rouages un peu trop bien huilés.
En haut d’une tour au bout du pont, plusieurs victimes du racket s’organisèrent pour surveiller et prévenir par téléphone les agents à chaque agression. La police ne faisant mine de bouger, ils se mirent à filmer le gang et se prenant au jeu, rédigèrent un mémoire sur ses techniques, ses horaires, son code d’honneur etc. Comme les agents restaient toujours scotchés à leurs sièges, ils passèrent le film à CCTV, qui le diffusa : alors pour les pandores, soudain, 白云苍狗 bai yun cang gou, les choses tournèrent au vinaigre (“les nuages blancs se muèrent en chiens gris-cendre”). Aux dernières nouvelles, aux deux commissariats, les autocritiques seraient rédigées – et le pont serait gardé!
Sommaire N° 39