Editorial : Privatisation massive annoncée, des derniers dinosaures!

Le Plenum d’octobre 2003 avait eu pour fruit d’établir l’égalité des secteurs public/privé. Un mois après (11/11), les effets de ce postulat apparemment anodin apparaissent : Li Rongrong, ex-boss de la SETC, depuis avril Président de la SASAC, proclame à la TV un manifeste de privatisation massive, qui causera en 5 ans la vente ou fermeture quasi-totale des Entreprises d’Etat, 262.000 en 1997, plus de 100.000 à présent, à 90% aux mains des mairies, d’une valeur faciale de 1390 MM$.

Dans la vente d’actifs publics, 2 règles du jeu changent :

1 Souvent irréaliste, le prix plancher disparaît au profit de la loi du marché.

2 Au Saint-des-Saints de l’économie socialiste, les 196 groupes dits piliers industriels stratégiques, bien public incessible, peuvent désormais fusionner avec l’étranger (c’est ce qui vient de se produire dans l’alliance TCL-Thomson, cf VdlC n°35) : « Je leur donne 2 ans , dit Li Ronrong, pour se fondre en 30 à 50 multinationales performantes… Après,  je vends »!

Pour cette chance ultime, Li a imposé le renvoi massif des directeurs,   réembauchés selon leurs mérites, en concurrence avec 462 candidatures externes -dont 17 étrangères : technique yankee, expérimentée par CNOCC et Unicom (VdlC n°36), prometteuse d’un « éveil instantané »!

Coup de cymbale et oeillade à l’étranger, se tient à Pékin les 19 et 20 novembre un « Sommet international des fusions-acquisitions 2003 ».  Cette campagne a été préparée de longue date par l’adoption de 13 règlements nouveaux (15 autres suivront en ’04), destinés à fixer les titres de propriété, l’arbitrage, l’évaluation de la performance de ces actifs. Pour réaliser ce cadastrage, la SASAC ramifie son réseau sur 20 provinces (d’ici décembre), les autres d’ici 2005. Elle a vendu, en tant qu’Etat central, 48 entreprises en 6 mois, pour 2,7MM$, dont 83% au privé et à l’étranger. Les provinces vont parfois plus vite, comme Shenzhen, négociant avec  VEOLIA le transfert de son usine d’épuration des eaux usées. 

Sur un dossier, Li Rongrong, recule : il reporte la vente en bourse d’une partie des 70% du capital (hors commerce) des 1200 EE cotées, jusqu’à ce que les nouveaux patrons les tirent de l’ornière. C’est que l’échec de la dernière tentative en juin 2001, cuit encore : la bourse avait chuté de 30%. La tutelle ne peut pas se permettre un nouvel échec, alors que les besoins de la Sécurité Sociale en argent frais croissent exponentiellement : de la capacité de la bourse à financer la SS, dépend la fermeture sans émeutes de dizaines de milliers d’Entreprises d’Etat invendables.

Enfin, l’annonce du passage en bourse de HK de 4,3MM$ d’actifs de China Telecom et Unicom d’ici fin décembre, apparaît comme un ballon d’essai, sur l’attractivité de ces  EE géantes sur le marché réel, hors de Chine!

 

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