Au 1er sept, la presse chinoise s’est éveillée sous la férule d’un nouveau règlement-cadre bouleversant 50 ans de tradition feutrée. Jusqu’à présent, les 2.137 journaux et 9.029 magazines chinois, à 99% d’Etat, sont les organes de propagande des partis, ministères, provinces etc. Ils n’ont aucune idée du marché et vivent de subventions, et d’abonnements forcés (aux Entreprises d’Etat et aux villages). En ville, quelques 10aines de quotidiens bien faits trustent la manne publicitaire et se font une concurrence acharnée. Le reste est du « papier gâché ».
C’est ce que Li Changchun, chef du Département de la propagande veut changer. Désormais, subventions et souscriptions régaliennes sont proscrites, sauf à qq organes dont le Quotidien du Peuple et Qiushi. Les petits titres
(- de 4MY de revenu /an et –de 50% en souscriptions libres), doivent fermer. Tout media doit devenir une Cie – avec pour but, le profit. Pékin attend du raz de marée, la mort de 1000 quotidiens en 3 ans!
Mais ce tournant a des limites. Le contrôle du PC demeure. L’investissement étranger est prohibé (sauf rotatives, et messagerie). Ceux qui comme Forbes ont essayé, ont été stoppés. L’objet est de rentabiliser, en aucun cas de libéraliser. Il s’agit d’une coupure de la presse et de l’Etat, mais non de la presse et du Parti. Ainsi, parmi les lois attendues d’ici 2008, aucune ne concerne la presse. Pour cause: une loi de la presse libérerait les médias de l’arbitraire, en limitant les droits de tutelle!
NB : le nouveau cadre ne fait pas que des heureux : il sera contourné par les provinces soucieuses de garder leur porte-voix et leurs emplois pléthoriques cachés.
Cette réforme ne peut donc être vue que comme un 1er pas: en Chine comme ailleurs, aucune revitalisation de la presse n’est concevable sans la liberté de gestion, et de création, surtout de l’opinion —sa valeur ajoutée. Enfin, même ainsi, cette réforme en forme de compromis, prouve que le PCC est conscient du gâchis de ses media, en argent et en modernisation sociale,- et qu’il tente d’évoluer aussi vite qu’il peut!
Sommaire N° 32