Après 10 ans passés à se sonder, Russie et Chine trouvent  le terrain d’entente: pas de passion mais du business, et la détermination  à endiguer la pénétration des US dans la région. Sur cette volonté politique d’un glacis sino-russe, entre Jiang Zemin et Hu Jintao, la continuité est ferme.

Les 1ers fruits apparaissent. Basée sur les livraisons chinoises textiles et d’industries pas chères, contre les aciers, le pétrole et les armes russes, le commerce bilatéral croît en 2003 de 25% (jan-sep) pour atteindre 14MM$ (prévisions). La hausse est surtout due aux exports chinois, +55%.

Kassianov était venu signer l’acte de naissance de l’Organisation de Coopé de Shanghai (OCS), entre Chine, Russie, et les 4 républiques enclavées d’Asie centrale. D’emblée, son but dépasse largement celui d’une union policière. Un « centre régional anti-terroriste » doit être ouvert au 1er janv 2004 à Tashkent (ville choisie afin de détourner ce pays, l’Ouzbekistan, des bras des sirènes yankee), mais aussi un Secrétariat, à Pékin, qui oeuvrera à la naissance d’une zone de libre échange—comme avec l’ASEAN.

Mais cette coopé a ses limites : Kassianov a annoncé le «report» de l’oléoduc Angarsk-Datong. Le projet concurrent, Angarsk-Nakhodka serait financé par le Japon : à 5MM$, il serait x2 plus long, plus cher, et plus puissant (d’une capacité d’1M/ barils/j), et permettrait à la Russie de vendre son or noir depuis sa côte pacifique au Japon, à la Corée, à Taiwan, et à la Chine –s’il en reste! 

Vis-à-vis de son populeux voisin du Sud, Moscou a un souci : la mafia chinoise qui investit de plus en plus sa région pacifique, terre de 7M d’âmes, face à 100M de Chinois. En 2002, 200M$ d’investissements illégaux ont franchi la frontière, et comme on dit à Vladivostok, « les chinois sont partout! » Nul doute que si l’OCS parvenait à endiguer cette migration illégale et violente, la coopé sino-russe avancerait sur des bases plus sereines !