20 septembre – 20 octobre 2003: la 1ère Biennale pékinoise d’art contemporain, (pour le 850 anniv. de la capitale) est un événement, avec ses 323 artistes et 577 œuvres qui laissent le visiteur étourdi par tant de diversité.
Seul handicap: l’expo se veut « patriotique » : la Chine créatrice s’observe avec obsession, sujet imposé. Trop souvent, la technique est là pour compenser l’absence d’audace : pour son coup d’essai, la biennale se veut « BCBG »!
Malgré ces défauts de naissance, l’expo est magnifique : formés sous la censure, les artistes chinois parviennent à faire passer un message créatif sous le manteau. Tels ces « Huit frères», de Liu Shuo: statues politiquement correctes dédiées à la fraternité paysanne. L’ensemble est traité avec verve et truculence, entre l’ouvrier maçon, le petit flic ou l’ado-sandwich. Mais le non-dit frise la dissidence : à y re-garder de près, aucun des frères n’a d’yeux. Ils sont debout dans les allées parmi les visiteurs, aveugles parmi les aveugles, comme si, au-delà de l’art, c’est sur leur vie et leur Etat qu’ils étaient aveugles !
Dans ce même souci d’éveil taoïste, Wang Jiyi reproduit en plexiglas une célèbre momie de jade, qu’ il remplit d’ordures ménagères : effet dérisoire garanti!
Enfin, en marge de la biennale, rejaillit tout l’art proscrit. La Today Gallery à Haidian présente sa «2d-hand-reality exhibition», avec une étrange machine à jogging, sur laquelle galope un (vrai) pitbull. Derrière Soho, la Galerie de la Pomme réserve, dans ses boxes, une belle série de prostituées de plastique : les 25M de Chinoises vivant de leurs charmes parviennent enfin sur la scène – par la petite porte!
Sommaire N° 31