Pourquoi les contrats du gazoduc Ouest-Est, entre le consortium mené par Shell et Petrochina, ne sont pas signés un an après leur présentation, à 3 semaines de l’ouverture (1er octobre) de la section Shaanxi-Shanghai (1.516km)?
Le projet souffre de sa finalité politique (désenclaver le grand-Ouest) qui a fait sous-estimer les problèmes liés à l’absence de cadre juridique et financier: aujourd’hui comme 18 mois plus tôt, plane le spectre de sa rentabilité.
Fond du problème: le prix commercial du gaz, rendu Shanghai. Afin d’amortir son investissement en dix ans au lieu des quinze usuels pour ce genre de projet, Petrochina tablant sur une forte demande exige 1,35Y /m3, 0,25 de plus que le cours mondial, et prétend avoir 35 clients à ce prix -mais les contrats doivent encore être avalisés par le ministère de tutelle.
Sans doute pour faire pression sur le groupe, à Londres, Sir Philip Wats Président de Shell révèle (31/8) des désaccords persistants entre les 2 parties. D’aucuns concluent à la tentation pour Shell de se retirer. Le géant anglo-hollandais dément formellement : le consortium refuse simplement d’avaliser des prix qui ruineraient les chances de viabilité de l’ouvrage et compromettraient son investissement.
Une question plus fondamentale est celle de la volonté de Petrochina de conserver son partenariat étranger sur ce 1er chantier géant d’un secteur gazier chinois encore dans les langes : l’esprit de profit et la tradition socialiste d’autonomie nationale peuvent pousser le groupe étatique dans la tentation de faire cavalier seul : Petrochina ne manque que de savoir-faire, mais pas de finances pour mener à terme le projet…
Dans cette affaire, les intérêts de l’Etat ne se confondent pas avec ceux du pétrolier : Pékin s’achemine vers une tarification nationale par type de clients (industriels, distributeurs et électriciens), afin de tripler la consommation de cette énergie propre, de 2 à 6% d’ici 2010!
Sommaire N° 28