Petit Peuple : Mettez un coeur dans votre moteur

— En juin 2002 à Fengtai (Pékin), M. Yang constata une malfaçon dans l’appartement qu’il venait d’acheter et, faute d’obtenir réparation du promoteur, partit en procès, défendu par l’avocat Ding, un « ami d’ami». Sans attendre, Ding lui ponctionna 25.000Y en honoraires et frais administratifs. Une fois l’argent versé, plus rien ne se passa, si l’on excepte les multiples appels de M. Yang : durant plus de 6 mois, Ding fit le mort. Apparemment illimitée, la patience de Yang s’épuisa pourtant, quand il découvrit que sans son accord, l’avocat avait retiré sa plainte. Furieux, il exigea du juriste indélicat qu’il lui rende les pièces du dossier, et son argent. Sans succès, comme on s’en doute! Yang intenta donc une 2de action, avec un 2d avocat contre son avocat. Lors du verdict, coup de théâtre : Maître Ding n’était pas plus avocat que lui-même le Grand Timonier. L’étude dont il se réclamait n’existait pas. La facture remise contre le

magot, avait été établie au nom d’un cabinet disparu. Ding avait  la da qi zuo hu pi (拉大碍 作虎皮), «déployé l’étendard et revêtu la peau du tigre» pour se prévaloir fallacieusement d’un pouvoir juridique qu’il n’avait pas ! Cette leçon arriva hélas trop tard, et le juge n’a pas dit au malheureux Yang comment récupérer son pécu-le pour lui permettre d’entamer le vrai procès, celui contre le promoteur. Ce dernier, au passage, a sans doute graissé la patte de l’avocat marron pour obtenir le retrait de la plainte contre  

lui! Aux dernières nouvelles Ding est en fuite, poursuivant sous des cieux ensoleillés l’exercice de ses véritables talents d’affabulateur!

—A Guilin (Guangxi), en juillet 2002, Li Xingjie chargea deux hommes, sans se rendre compte que ces paysans desperados se préparaient à lui faire un mauvais sort, pour faire main basse sur sa recette et son taxi. Ce métier en Chine est si dangereux, qu’un règlement tente de protéger les chauffeurs de leurs clients par une sorte de grossière cage en fer. Mais un détail vint empêcher le crime: les truands n’étaient pas aguerris. Ils ignoraient aussi les vertus uniques de Mme Li: compassion, écoute et bagout, qui finirent par jue chu feng sheng (绝处逢生), la «tirer miraculeusement d’un cas désespéré». Dès les 1ères minutes, sous l’émotion peut-être, le premier se tordit de douleurs au ventre: la chauffeur insista pour faire arrêt à une pharmacie, et comme ils étaient à sec, elle paya de sa poche le médicament, qui le tira d’affaire. Ce bienfait ne les empêcha pas quelques km après, sous la menace de poignards, de la maîtriser et de prendre le volant. Ligotée, depuis l’arrière, Li vit tout de sui-te que le jeunot n’avait pas son permis :

Petit frère, sais-tu conduire?

-Je n’ai jamais conduit que des tracteurs…

-Je peux t’apprendre!

Et la prisonnière lui révéla les mystères de l’embrayage, des gaz et du frein, tandis qu’eux lui confiaient leur misère et mal de vivre. Quelques km plus loin, dans une côte âpre, elle récupéra le volant. Trois heures après, ils la laissèrent filer avec sa voiture – elle leur offrit sa bourse… Li avait promis de ne pas les dénoncer. Elle rompit sa parole: trop de collègues étaient morts égorgés ces derniers temps. Mais elle vint les défendre et par son témoignage, ils n’en prirent, respectivement, que pour 2 ans et six mois – un verdict inespéré. Ensuite, elle vint les revoir à la prison, leur porter des oranges et des vêtements. Très fâchés au début, les deux apprentis malfrats se radoucirent, et remercient aujourd’hui leur belle pilote de les avoir remis sur le droit chemin. Ils promettent même de ne plus chercher à l’égorger, leur peine une fois purgée !

 

 

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