Une tendance frappe en Chine, en ce début d’été : l’épisode du SRAS à peine fini, se multiplient les affaires à un rythme inégalé. Egalement inquiétante, l’absence de réponse : le pouvoir semble tout faire pour occulter, plutôt que pour affronter et rechercher une solution. Effort en pure perte, et cela aussi est nouveau: la presse prend des risques inégalés pour dénoncer ces cas. Entre médias et pouvoir, un bras de fer est net, avec pour victime l’état de grâce éphémère qui avait entouré le tandem Hu Jintao-Wen Jiabao suite à leur action efficace contre l’épidémie. A l’évidence, cette audace nouvelle est liée au SRAS : face à la maladie, l’opinion prend le PCC pour son «sauveur», mais n’oublie pas les 5 mois de silence. Voici quelques unes de ces affaires :
l’affaire des prêts de la BdC tourne court. Zhou Lu, boss de la Banque de Chine à Shanghai est congédié pour prêts irréguliers à un capitaliste local, mais Liu Jinbao, son homologue à HongKong, est absous pour les 250M$ prêtés au promoteur Zhou Zhengyi. Les 2 dossiers sont gérés par Huang Ju, dernier Secrétaire du PC à Shanghai -qui a pu être partie prenante en ces affaires.
Près de Yan’an (Shaanxi, l’ex-QG de Mao durant la Longue Marche), des milliers d’investisseurs manifestent (27/6) contre la confiscation de leurs puits de pétrole, «renationalisés» sans compensation.
Chengdu (Sichuan) est secouée par la mort d’une fille de 3 ans (7/7), par la négligence criminelle de policiers qui avaient arrêté sa mère toxicomane, sans vérifier ses appels à l’aide. Chengdu a d’abord tenté d’étouffer l’affaire, puis 2 policiers ont été écroués et 5 chefs suspendus.
Ouyang Zhongmou, Prsdt du groupe Putian, étoile du Ministère des Industries de l’Information, est arrêté (6/7) pour 120M$ de fraudes financières sur 7 ans, tandis que la CCB annonce une « punition » à 500 employés, pour 120M$ de prêts fictifs ou frauduleux l’an dernier, tout juste épinglés par la Cour des Comptes.
Un trafic de plaques sensibles pour rayons X (40M$) est éventé à Canton.
En fuite depuis avril après détournement de M$, une ex-vice maire de Wenzhou (Zhejiang) est déchue de sa carte du Parti.
La passivité de Pékin est ambiguë : témoigne t’elle d’une division (les nouveaux leaders ne peuvent imposer la transparence,vu l’opposition des anciens)? Ou bien d’un consensus , par tradition et pour affronter les défis présents (combler le retard de croissance ) ? En tout cas, cette vague d’affaires trahit l’affaiblissement rapide des pouvoirs publics, face à la corruption, et à la liberté de la presse. C’est peut-être confronté à ce risque que Wen Jiabao se sent contraint, face à une délégation d’économistes hongkongais (27/6), de réitérer sa promesse, malgré le SRAS, de tenir le cap des réformes, tout en précisant à toutes fins utiles : « j’ai de la persistance dans mes os »!
Sommaire N° 25