Pol : Crise coréenne – Pékin aux manettes

— En principe, la coopération franco-chinoise roule sur du velours, deux pays à vieille et forte conscience nationale, demandeurs d’un contrepoids à l’hégémonie américaine. Du 29/6 au 1/7, Michèle Alliot-Marie, la première ministre française de la Défense à visiter Pékin depuis 1997, a donc été reçue avec curiosité et courtoisie par de nombreux interlocuteurs, de son homologue Cao Gangchuang au Président Hu Jintao et au Président de la CMC Jiang Zemin. Les deux nations partagent le même impératif de maintenir hors arme nucléaire la péninsule coréenne – malgré un vote opposé à l’ONU sur le sujet (voir article suivant). Afin de rebâtir une coopé militaire qu’elle pressent importante à l’avenir, la France est prête à plaider la cause de la levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine. Elle reste toutefois beaucoup plus hésitante face à la demande chinoise d’un satellite espion de type Helios, aux images classées “secret défense”…

— Un prêté pour un rendu? Ou plutôt, un bras de fer implacable, et un sursaut de réflexe solidaire socialiste? Le 2/07, un projet de résolution des US devant le Conseil de Sécurité, soutenu par les deux autres membres permanents, France et Royaume-Uni, capotait sur l’opposition de Chine et Russie. Ce texte prétendait avertir Pyongyang d’interrompre “immédiatement et de façon vérifiable” son programme nucléaire militaire. L’initiative était soutendue par une nouvelle inquiétante, la découverte par satellites d’un centre de recherche de Youngdoktong, capable (selon la CIA) de tester des petites charges nucléaires, qui équiperaient les missiles Nord-coréens de moyenne et longue portée.

C’est la 2nde motion du genre, en trois mois, à être défaite par les deux protecteurs du “pays du matin calme”. La veille (1/07), par courrier, un général Nord-coréen avait menacé le Conseil de Sécurité des pires conséquences pour Séoul, si la condamnation avait été adoptée.

Toutefois, en imposant le report du débat, Pékin et Moscou n’ont gagné qu’un bref sursis. La Chine déploie une suractivité pour sortir de l’impasse, dépêchant deux vices-ministres des Affaires étrangères, Dai Bingguo en Russie et Wang Yi aux USA pour y conférer avec l’état-major de George W. Bush, (C. Powell, C.Rice,et L. Armitage), afin de préparer la visite à Pékin cette semaine (7-10/7) du Président Sud-coréen Roh Moo-hyun. Séoul demande d’être admis à une 2nde ronde de pourparlers, ce à quoi Pékin et Pyongyang avaient dit “non” en avril.

C’est ainsi que Pékin, tout en rejetant les initiatives de tout autre pays à propos de la Corée du Nord, porte  le poids de dénouer la crise – bien consciente de la nécessité de réussir dans cette démarche solitaire !

 

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