Editorial : Chine et Inde réconciliées, « pour se faire entendre »!

« (A deux, nous faisons) les nations les plus peuplées de la terre, aux économies les plus vives, aux 2 seuls marchés-continents. Si nous agissions de concert, il serait très difficile au monde de nous ignorer… Le temps du soupçon est révolu » (A.B. Vajpayee, 1er ministre indien).

«Chine/Inde, les pays les plus peuplés du monde, sont déterminées à progresser dans la coopération et le bon voisinage » (Hu Jintao, Président chinois)

La 1ère visite en 10 ans d’un 1er ministre indien (23-27/06), a mis fin à 41 ans en «chiens de faïence», suite à la guerre-éclair lancée par la Chine en 1962. Le 24/06, les leaders ont signé une promesse de régler les litiges frontaliers et un pacte de non agression. 9 lettres d’intention ont été signées pour faciliter visas, centres culturels et lancer la coopé scientifique. Une route commerciale de 3500km va être rouverte à travers les Himalayas, après la reconnaissance de facto du Tibet «partie de la Chine», et du Sikkim comme région indienne. L’accord se fait au détriment des petits alliés, Pakistan pour la Chine, Dalai Lama pour l’Inde.

Le réchauffement comporte bien sûr des limites : les 2 bords sont dirigés par un leadership âgé, n’ayant jamais connu l’autre que dans le conflit.

Les méfiances demeurent donc, sur la volonté mutuelle de régler des litiges après 22 ans de négociations stériles. Le dossier du Pakistan, militairement aidé par la Chine, n’a pas même été évoqué –à Delhi, l’opposition craint que les concessions n’aient été inégales…

La volonté de coopérer n’en est que plus remarquable, symptomatique de l’évolution de part et d’autre : comme si la globalisation ne leur laissait pas d’autre choix. Chine et Inde «pèsent» ensemble 2,3MM d’âmes, et 33% du marché mondial. En quête de croissance, elles voient se profiler des synergies entre les logiciels et le savoir-faire financier d’Inde, la mécanique et l’informatique chinoise. Déjà les échanges s’emballent, avec 2,3MM$ de janvier à avril 2003 (+71%), et Pékin annonce à son voisin 0,5 MM$ d’investissement sur son territoire.

Restent enfin des souvenirs inattendus entre ces géants hérissés de vieilles inimitiés: à travers son roman-phare du 西游记, Voyage à l’Ouest, la Chine reconnaît l’Inde comme le berceau mythique du bouddhisme. Gandhi était fervent admirateur de la Chine. Bon nombre d’Indiens admirent dans la Chine le fait d’avoir débandé les pieds de ses femmes, quand eux gardent Castes et Intouchables. Ils saluent aussi son pragmatisme économique – déréglementation, ouverture au capital étranger. Cette admiration réciproque crée la base d’une coopération  qui, à moyen terme, pourrait changer la face du monde industriel, en cassant les prix.

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