Pol : l’habeas corpus pour les migrants?

— Evoquée dans le VdlC n°20, la mort de Sun Zhigang, graphiste sans papiers tué suite à son arrestation, a eu une conséquence des plus extraordinaires (nous pesons nos mots) dans l’histoire du pays. Suite au tollé dans la presse et le monde intellectuel et juridique, avec discrétion extrême, Wen Jiabao le 1er Min. a fait abroger par décret du Conseil d’Etat (18/6) le règlement discrétionnaire autorisant depuis 1982  l’enlèvement et “rapatriement” des migrants. Ce texte techniquement illégal, n’était jamais passé devant l’ANP. Son abrogation élude tout débat des élus, ce qui en principe pourrait permettre sa réintroduction. Il n’a pas aboli, pour autant, d’autres règlements de police de la même époque (début de l’ère de Deng), permettant l’envoi en 劳改所 laogaisuo (camp de travail) jusqu’à 2 ans et la désintoxication forcée, sans verdict de justice. Même avec ces limitations, cette décision révèle une vulnérabilité publique, une volonté d’aller de l’avant, et elle ouvre une brèche dans la marche vers un Etat de droit. 2 inconnues demeurent : le texte de la nouvelle loi -resté secret-, et l’application qu’en feront les policiers.

— Autant la Chine se montre malthusienne et conservatrice dans sa pratique des noms de famille (avec les fameux老百姓, laobaixing ou “100 vieux noms”), autant elle se rattrape dans les prénoms, mettant une prodigieuse créativité dans ces choix, liés au lieu ou au moment. A tel point que la Commission d’Etat à la langue et à l’écriture a dû réagir en limitant la liberté d’appellation des enfants, au sein d’un groupe de “seulement” 10.000  caractères, tout en en bannissant 50.000 autres. A la base du règlement, on trouve trois motivations bien différentes. Au plan technique, la liste des caractères valides est celle identifiable par les systèmes informatiques. De toute manière, les plus lettrés des chinois dépassent rarement les 7000 caractères. Au plan humain, il peut être raisonnable de protéger les petits contre des noms durs à porter, tels que « Sadam-Deng-Sars », « Jeuzazes » (pour « jeux asiatiques »), ou « Jeuzoles ». Enfin, au plan idéologique, l’Etat-Parti prétend bannir les noms dérivés de l’ère coloniale (genre “Formose”), et des myriades de prénoms d’origine obscure, régionale, clanique ou mafieuse.

 

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