— Les destinées en Chine ont souvent un moteur simple, même si une crue de détails d’une complexité déroutante en obscurcit vite la vision. En témoigne l’affaire Zhang contre Zhang. En 1984, le mariage promettait, entre Zhang Ping le mécano et Zhang Li l’employée.
Leur bonheur fut sans ombre jusqu’en 1991, moment où il succomba au démon du jeu, entraînant sa femme en enfer.
Li fut bonne à éponger ses dettes et à faire vivre toute la famille sur son salaire, sous les insultes et sous la peur, la forçant plus souvent qu’à son tour à se réfugier avec leur fillette chez des amis. En été 2002, la coupe était pleine : elle divorça, gardant leur F2 à Fengtai. Mais Ping gardait sa clé, pour “voir sa fille”. Un jour, Li constata la disparition de sa car120te d’identité et du titre de propriété de l’ appart. Elle porta plainte. Mais il fallait des mois pour faire refaire la carte et sans elle, le Bureau foncier, contacté pour bloquer toute revente de son patrimoine, l’envoya sur les roses. Aussi fut-ce sans trop de surprise qu’elle vit 4 mois après, des inconnus toquaient à sa porte, les “nouveaux propriétaires”, ahuris de voir dans ces murs une patronne autre que celle avec qui ils avaient traité: pour vendre, le mari avait pris une imposteur, avec la carte d’identité volée! C’était une application parfaite du 25ème stratagème du recueil antique (qui en compte 36), 偷梁换柱 tou liang huang zhu, voler la charpente et remplacer les piliers… Logique dans sa malice, le bureau foncier refusa de dés enregistrer la vente! Comment, face à cette écrasante collusion d’incompétence et de duplicité, la mère et sa fille ne sont pas -encore- à la rue? Grâce à la presse!
Sommaire N° 22