Petit Peuple : tout est perdu, fors le coeur !

饱经风霜 bao jing feng shuang, dit-on en chinois  pour désigner «celui qui a tout enduré, souffert, perdu et pleuré» – l’éternel perdant. Le mot convient bien au personnage de Qin Kai-yuan, dont la vie n’est pas parsemée de pétales de roses. Enfant, il fut jeté, puis oublié dans une ferme du Guizhou. De retour à Pékin à 32 ans, sans diplômes sans piston, il ne trouva qu’une place de boutiquier. Son mariage fut un désastre: femme et enfant s’envolèrent après 3 ans. Ce  n’ est qu’à 50 ans passés que la chance se présenta, sous la forme d’un chèque de 12.000$, prime d’expropriation de son appartement de Zhongguancun. C’était le moyen de repartir à zéro… Malgré les avis des proches, il plaqua tout pour son Guizhou d’adolescence, s’installant en mai 2001 à Kaili avec 15 bergers allemands : son idée géniale était de louer ses services canins en gardiennage des nouveaux riches…

Mais le guignon veillait: en septembre à l’aube, aux vespasiennes, des vagissements sortant d’un carton troublèrent sa miction matinale. Il l’ouvrit imprudemment : une paire de jumelles faibles  mais vivantes, le regardaient de leurs grands yeux de l’ethnie Miao. Lâchement, le bureau de la population refusa de les prendre, feignant de le soupçonner d’être le père. Avec son valet, ils jouèrent donc à “2 hommes et deux couffins, apprenant à la dure l’art des langes et du biberon, des nuits blanches et des dîners hurleurs. Sa fortune y passa. Délaissés, les chiens expirèrent à la file. Impayé, l’assistant disparut. En mars 2003, Qin retourna à Pékin avec ses poupons sans papiers, qui hésitent à l’appeler papa ou papi. Les trois sous qu’on lui prêta alors, il les plaça dans une affaire “en or” de cactus pour restaurants qui, entre l’ultime gelée et le SRAS, périclita sans hésiter.

Aujourd’hui, Qin cherche une famille pour ses filles mais refuse tout le monde, car les candidats veulent des adoptions séparées: “si rien ne va mieux, dit-il, philosophe, on restera tous les 3 -on trouvera toujours de quoi vivre”. Et voici enfin- peut-être- une chance? Jinhua Shibao s’émeut de telle constance dans la déveine, et publie l’histoire, avec pour légende, “tout est perdu, sauf le coeur -et les enfants”!

 

 

 

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