Argent : Maldonne pour Sinopec et CNOOC

Un rêve qui s’effondre…Sinopec et CNOOC, début mars, avaient fait accord avec British Gas pour racheter sa part du prometteur gisement pétrolier de Kashagan, à l’Ouest du Kazakhstan. Pour les 16,7% de BG dans le consortium international d’exploitation, les n°2 et 3 chinois de l’or noir auraient payé 1.26MM$  (VdlC n°9). C’était compter sans le droit de préemption que viennent d’exercer les 5 autres membres (Conoco – Phillips, Agip, Exxon, Shell et Total), refusant de laisser les néophytes entrer au club de la Caspienne.

1ère conséquence : conçu pour relier Chine et Kazakhstan, le projet d’oléoduc de 3MM$ sur 3000km est compromis. Le pétrole de Kashagan passera par la Mer Noire (route “Ouest”), et l’autre champ pétrolifère kazakh d’Aktobe, propriété de CNPC ne permet pas de rentabiliser un tel ouvrage à lui seul.

Les réactions chinoises sont mitigées – la perte de face est difficile à cacher, et d’autres si bel-les sources d’approvisionnement hors des frontières chinoises ne se retrouveront pas facilement. La Chine perd cet espoir de réduire sa dépendance envers le Golfe persique, qui satisfait plus de 15% de sa consommation. Un cadre supérieur chinois insinua : “avec ceux qui nous ont fermé la porte, on se retrouvera, lors du prochain projet chinois à attribuer”. Mark Qiu, chef financier chez CNOOC, prit les choses avec bonhomie (“la demoiselle était déjà financée”), et un cadre d’une des cinq soeurs  précisa : “les pétroliers chinois ont besoin de nous autant que nous d’eux, sinon plus”.

Enfin, le calice sera moins amer à avaler, du fait qu’avec l’épidémie et le fort recul de la demande en transport (2900 vols annulés chez  Air China, 2100 chez China Eastern),  la Chine consomme moins – jusqu’à 100.000t d’essence et autant de diesel/mois. A 14Mt en avril, la production de pétrole est tombée de 2,8% par rapport à mars, celle de gaz naturel, de 5,7%. En mars, la Chine avait lourdement importé (+52%), au prix fort, dans la hantise d’ une coupure de la route du pétrole durant la guerre d’Irak : pris de court, les cuves pleines, les traders chinois s’attendent à une chute des imports de 8% en juin et juillet, et tentent d’exporter leurs excédents sur les marchés spot asiatiques!

 

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