Comment rebondir quand on est dans la bière, soudain déconseillée par l’Etat et la médecine (comme tout alcool) aux temps du SRAS? N°2 chinois (13% du marché), Tsingtao voyait son chiffre mousser d’un maigre +11% au 1er trim. -il en espérait 40% pour 2003, renforcé par l’apport d’Anheuser-Busch, le n°1 mondial (US), qui venait de consolider à 27% son contrôle du groupe. En avril, ses ventes fondirent même de 15% : normal, 30% d’entre elles ayant lieu en bars et restaurants, aux trois quarts fermés.
Il fallait faire quelque chose : son état-major eut l’idée saugrenue de brasser une bière au 板 兰 根 banlangen, remède traditionnel très en vogue jusqu’à hier. Concoctée par Five Star, sa filiale pékinoise, la mouture devait « éliminer les éléments chauds» de l’organisme: l’on se soignait en s’ennivrant! Le résultat fut un désastre, aggravé par l’oubli d’une demande de licence: la loi prohibe l’usage de plantes médicinales comme additif alimentaire. Sous l’oeil des caméras, les services d’hygiène confisquèrent ou firent détruire 187.000 cannettes, pour un préjudice de 12.000$.
Pour se refaire, Tsingtao compte en partie sur ses quatre autres bières spéciales, au melon amer, au chrysanthème, au miel et au thé vert -cette dernière, délicieuse (le VdlC l’a testée).
La Chine innove aussi ailleurs, au laboratoire de l’Institut de recherche agro-alimentaire de Tianjin, où le professeur Chen Shusheng a réinventé ce qu’on pourrait nommer la lière, bière au lait de vache, breuvage peu alcoolisé, rafraîchissant, nutritif, léger, et doté de vertus paramédicinales tel le stimulus de la circulation sanguine.
Déjà produite au Japon et aux USA, la lière a franchi l’étape expérimentale fin 2002 à Xingtai (nord Hebei), avant de passer en phase commerciale. Les contrôles sanitaires, ici, semblent n’ avoir pas posé de problème—le producteur a évité l’erreur impardonnable – recommander la lière aux nourrissons!
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