Après moults louvoiements, le 1er ministre russe Kasyanov a tranché (29/4) : l’oléoduc d’Angarsk fournira d’abord à Daqing 20Mt de brut/an -comme prévu – moyennant 2,5 MM$ à charge des 2 pays!
Depuis des mois pourtant,le Japon cherchait la brèche, offrant d’avancer les 5MM$ nécessaires pour un ouvrage plus ambitieux, 4000km vers Nakhodka (cf VdlC n°3), et de financer au passage un complexe pétrochimique d’1MM$. Moscou explique son choix chinois par la faiblesse du dossier nippon. Tokyo exigeait la garantie de l’Etat russe pour se lancer dans le projet – techniquement téméraire. Moscou entend que Tokyo prenne ses responsabilités.
La vraie raison pourrait être autre. Les experts doutent qu’Angarsk puissent fournir Chine ET Japon + Corée, ces derniers pour 50Mt/an. Or, Pékin reste pour la Russie le voisin offrant les meilleures perspectives, au marché exponentiel et aux 6000 km de frontières à développer en commun. Dès maintenant, elle paie à Moscou pour 1MM$ d’armes/an. Et puis, le Kremlin avait sur son bureau une autre demande chinoise sur laquelle il voulait opposer un « niet ». Or, il ne pouvait pas refuser sur toute la ligne au « partenaire stratégique » !
La Chine en effet, met toute la pression pour obtenir en concession pour 49 ans, 2 ports sibériens endormis dans le détroit de Sakhaline, Posyet et Zarubino, qui ouvriraient la route maritime à son charbon du Dongbei (Jilin/Heilongjiang, cf VdlC n°12).
Par presse interposée (29/4), la Chine dénonce la détermination russe à « ne pas faire un geste pour la Chine qui ne profiterait qu’à elle »… La réalité sur le terrain, est la hantise séculaire de Moscou devant cette Chine aussi douée pour le commerce que dans les berceaux, capable de réussir là où la Russie a échoué: peupler, enrichir son Primorskyi Rad (province maritime). Face à cette menace, la Chine n’a qu’un mot à opposer : « nos frontières sont déjà délimitées » (elle n’a pas de revendication sur la Sibérie). Mais pour apaiser la méfiance russe, ce genre d’argument rhétorique ne fait pas le poids!
Sommaire N° 15