A la loupe : Flux et reflux de la censure

Constante entre l’ancien et le nouveau pouvoir : le niveau de censure n’est jamais sujet au hasard. En période de transition, la latitude laissée à la presse locale, est spécialement sous la loupe. Pour l’avoir oublié, la Tribune du monde / XXI. siècle a été suspendue un mois. Le quotidien cantonais s’était risqué à publier le 3 mars) une interview icono-claste de Li Rui (85 ans), l’ex-Secrétaire de Mao qui dénonçait la “corruption généralisée”, le culte «diabolique» de la personnalité, tout en encensant Hu Yaobang, sulfureux chef de file réformateur décédé en 1989. Non content de ces impertinences, le titre avait récidivé en une étude comparative entre gouvernants sortants et entrants. Idem, à Pékin, les Nouvelles hebdo furent suspendues, 2 rédacteurs limogés pour avoir publié des éloges trop forts à Zhu Rongji : c’était interdit…

Ce qui frappe dans ces sanctions, est leur légèreté par rapport à 10 ans plus tôt (où un journal fermé ne rouvrait pas), et l’équanimité des punis : une fois suspendue, la Tribune a révélé son plan préparé de longue date : utiliser ce temps d’oisiveté forcée pour refaire sa maquette, afin de rebondir fin avril « relookée » et à la mode. Le courage éditorial, ici, est argument de vente : en 12 mois, cette étoile filante du tabloïde est passé de 0 à 200000 ex./j !

Autre lieux, autres moeurs : bloqués depuis 1er fév.  (VdlC N°5), une dizaine de sites internet  faisant autorité sur l’info chinoise (CNN, NYT…)  ont été rouverts (19/3), à peine le Plenum conclu. Seule la BBC reste punie—on ignore pourquoi.

Enfin Greenpeace se légalise discrètement (10/3) sous la couverture juridique d’une Cie de consulting, «Rainbow peace environment», qui compte 12 employés entre Pékin et Canton (40, avec le bureau de HK). Telle apparition serait inconcevable, sans un minimum de tolérance officielle. Les temps sont loin (1995), où le navire MV Greenpeace, protestant contre les tests nucléaires chinois, se faisait repousser en mer par la marine militaire . Aujourd’hui, l’internationale verte, assagie, dénonce les OGM : Pékin, apparemment, peut vivre avec!

 

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