Pour le gouvernement chinois, l’année du Cheval commence par le Yangtzé, aux flots fougueux et indomptés: 1,8MM$ d’investissements sont annoncés en 2002 pour le barrage des Trois Gorges, qui sera sous eau en oct. 612M$ iront aussi à l’équipement électrique-les 1ères turbines tourneront en 2003. Dès à présent, l’Etat s’inquiète de la question, primordiale pour l’avenir du barrage et de l’autre chantier géant, imminent, du canal Sud-Nord, Yangtzé Fleuve Jaune : la propreté de l’eau du fleuve, aujourd’hui inapte à tout usage sur certaines sections, en raison de la pollution.
Le Ministère des ressources aquatiques de promettre que les 48MM m3 du Yangtzé (6% du cours) qui seront acheminés vers Pékin, le Shandong et Tianjin, soient assainis avant d’être pompés dans le canal. A l’arrivée, l’eau sera retraitée pour devenir potable. Au moment de la mise en service des tronçons Est- et Centre du canal, les grandes villes du nord auront une capacité d’épuration de 8,5MMm3d’ici 2010. Le 3ème tronçon, celui de l’Ouest, viendra plus tard.
Contre la pollution, un fort travail de prévention sera mené d’ici 8 ans : des milliers d’usines seront fermées, parce que leur circuit de retraitement coûtera (bien) plus que leur produit brut. Le premier plan intégral d’occupation du fleuve vient d’être adopté après 2 ans de travaux conjoints entre Pékin et 16 provinces riveraines. Il divise le cours en quatre zones (protection, tampon, exploitation et réserve), avec plan d’équipements anti-crue, anti-pollution, d’étude de la faune et flore, et de monitoring de la qualité de l’eau. Des normes ont été fixées pour le dragage et les plafonds d’émission d’effluents. Pour éduquer et sensibiliser les masses au « cours d’eau patrimoine », les hydrologistes veulent faire voter une « journée nationale du Yangtzé »…
Alors que se prépare le 1er chantier du Canal Sud-Nord, des risques vertigineux planent (financiers, politiques, biologiques, techniques), à la mesure des chances qu’apporte ce projet – il s’agit de rien moins que de la 1ère tentative historique pour conquérir la maîtrise de l’eau, comme tout pays développé. En s’attaquant d’abord à la pollution, la Chine commence par le commencement – mais la partie n’est pas gagnée !
Sommaire N° 8