Editorial : Le serpent meurt, vive le cheval !

40jours de Nouvel An ont débuté fin janvier, par le voyage. 1,7MM de gens transhument, jusqu’à 4M/jour, dont 130M par le train -lequel a saisi sa chance de taxer de 15 à 35%, le temps des fêtes, ce marché captif. Chargés de cadeaux, les jeunes rentrent chez leurs parents; la Chine urbaine, au village; celle de la côte, vers l’intérieur; celle de la richesse, vers la vie dure.

Retrouvailles d’une famille qui est la Chine entière.Les danwei (uni-tés de travail) ont donné aux employés, les jours d’avant, carpes, galettes fourrées, vin jaune. Bon esprit,interdépendance confucéenne, entraide atavique qui est peut-être le moteur secret de la croissance du pays.

A 100 km au nord de Pékin à Yunmengxia, Mme Chen a collé aux montants du portail les chunlian, papiers rouges découpés aux motifs et formules de bon augure (Gongxi facai, bonheur et richesse) et préparé son banquet – poisson, raviolis, pains-vapeur, pommes, mandarines…

La nuit fatidique, on ne se couche pas.A minuit, les pétards sont là pour écarter les esprits mauvais qui se repaissent volontiers des humains,surtout ceux dits  benmingnian, nés sous le signe: pour se protéger, ils n’ont plus qu’à porter, 365 jours durant, un fil rouge en ceinture à même la peau. De même, les 12 et 13 février, il est défendu de penser à la mort, parler d’argent, se laver les cheveux, laisser tomber ses baguettes, balayer, cuisiner… Innocent stratagème pour permettre à la femme de se reposer! A noter le défaut de naissance de cette année dite « aveugle » ou « de la veuve« , privée de signe de début du printemps: les jeunes répugnent à y convoler, et multiplient les noces, juste avant elle!

Coincé entre l’eau et du feu, le signe du cheval est ambigu. En affaires, c’est l’année de l’éclatement, des risques qui gagnent, de la reprise, de la bourse, de la croissance par l’OMC. Mais en politique, le cheval parle plutôt de bouleversements et d’instabilité. Enfin, dans cette Chine en mutation rapide, rien n’est épargné par le changement. Le banquet n’est plus le seul bon repas de l’année. La jeunesse blasée s’ennuie des traditions. Le voyage se détourne des villages, guigne Hong Kong, Bangkok ou Paris. La semaine se consacre toujours plus au passe temps banal du shopping, raison n°1 pour l’Etat, d’octroyer 7 jours de congés : culturellement aussi, la Chine se globalise!

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