C’est un message inédit qui vient d’être adressé au Dalai Lama par voie de presse: «le Gouernement (…) attend toujours du 14. Dalai Lama qu’il retourne à la maison! Le message reprend une of-fre de Deng dès 1978, assortie d’une curieuse précision du patriarche: «que le patriotisme lui vienne tôt ou bien tard, n’a pas d’importance»!
La date n’est pas fortuite : c’est la veille du Nouvel An, moment de régler les litiges. Peu avant, Pékin a tendu une autre main vers Taiwan, invitant en Chine le DPP (parti indépendantiste, au pouvoir). On peut y lire une volonté de détente, à laquelle on peut prêter trois causes politiques:
[1] alors que l’Asie sort difficilement de sa crise, la Chine poursuit sa croissance, au prix d’invests en 10aines de MM$/an. Faire la paix avec le Tibet, serait épargner de lourds frais militaires.
[2] après les attentats du 11 sept., Pékin tente d’éradiquer l’intégrisme ouighour, auteur de nombreux attentats jusque dans Pékin. Mais la reprise en main se passe mal: un attentat-suicide a eu lieu à Urumqi (Xinjiang): il serait bon pour la Chine, de rétrécir à l’Ouest le front des régions sous sur-veillance.
[3] un engouement pour le Tibet traverse la Chine éduquée, celle que Jiang veut rallier par sa campagne des sange daibiao (trois représentativités): des millions de citadins y redécouvrent ce qu’ils ont perdu-spiritualité et nature. Un concordat avec le Dalai-Lama vaudrait à Pékin une bouffée bienvenue de popularité.
Quelles sont les chances que le Dalai Lama sai-sisse la chance offerte ? Tout dépend des conditions concrètes de l’offre- qu’on peut supposer aux mains du souverain pontife : lui rendre son palais du Potala à Lhassa, ne saurait suffire, des concessions politiques seront inévitables. Mais pour le Dalai, opposer une fin de non-recevoir, serait lourd de conséquences. Pékin n’aurait alors d’alternative, que celle d’attendre la mort du premier prélat lamaïste, pour le remplacer par un enfant sous son contrôle, privant ainsi durablement le Tibet d’un défenseur légitime !
Sommaire N° 6