Il est mal connu, et moins encore reconnu, ce niveau intermédiaire du pouvoir que forment les 30 provinces, territoires ou villes autonomes, pièces du puzzle géo-ethnique chinois. Niveau pourtant clé, qui inspire ou impose les choix centraux (par lobbies industriels, politiques ou militaires),et qui exécute les consignes avec fidélité relative, au nom de l’immortel proverbes tian gao huangdi yuan – le ciel est haut et l’empereur est loin!
Structurée en poupée gigogne (comme tous les régimes sortis du moule soviétique), la RPC reproduit dans ses provinces la même représentation populaire qu’au niveau national : la semaine passée, l’assemblée provinciale siégeait aux Fujian, Guangdong et Shaanxi. D’autres provinces suivront d’ici avril. Pour les régions, c’est le moment de fixer les objectifs de 2002, et dans les couloirs, de critiquer les chefs. Voici quelques reflets de cette vie en province:
-à Xi’an (Shaanxi), le gouverneur Cheng Andong s’incline trois fois devant la foule, pour s’ex-cuser des accidents industriels/miniers, et remercier les députés de leur soutien.
-le Sichuan annonce pour 8MM$ d’investissements ouverts à l’étranger, sur 300 projets dont 70 d’infrastructures, 100 industriels, 40 agricoles, et 40 de services.
-à Canton, le gouverneur Lu Ruihua se félicite de l’union douanière négociée avec HK et Macao, mais s’angoisse au fossé croissant entre richesses des ruraux (+2,7%) et des citadins (11%), voire entre hommes et femmes : à compétence égale, ces dernières touchent 70% du salaire masculin en ville, 60% à la campagne.
Partout, ces assemblées provinciales voient le dépôt d’innombrables "suggestions", cahiers de doléances populaires: concernant les frais de scolarisation (discriminatoires, et exacerbant l’arbitraire du fonctionnaire qui taxe à sa guise), les produits piratés, frelatés, la pègre et le sida, qui prolifèrent, se riant des défenses mises en place par l’Etat.
Sommaire N° 5