A la loupe : Chine – face au monde, son triomphe commercial peut-il se maintenir?

La Chine a reçu (9/12) son ultime trophée :  il s’agit (symbole !) du concours Miss Monde 2003, qui ira à Sanya (Hainan). En 2002, La Chine a stocké 50MM$ d’IDE et autant en recettes d’exports textiles (janvier-octobre): succès écrasants, pour un pays le plus courtisé sur terre !

Son bilan pour 2002 est d’une splendeur pharaonique. Le PNB aura augmenté de 8% à 1235MM$. Le revenu/habitant a augmenté de 50$, à 961$/an, et (surtout) l’investissement privé de 18% (janvier-oct.). Une enquête à travers l’Asie place la hausse des salaires chinois au 1er rang, avec ceux d’Inde et  de Corée du Sud. L’export à haussé de 24% – et le trafic du port de Shenzhen de 49%, atteignant les 7,5MM TEU. Suite à quoi les réserves en devises ont monté à 280MM$ (+25%), tandis que l’épargne passait à 1020MM$ (+18%) – presque un an de PNB !

Sur quoi repose un tel succès magique, dans un monde en récession? Le limogeage par George W. Bush du Secrétaire au Trésor Paul O’Neill (7/12), est interprété comme signe de volonté d’abandonner l’impossible slogan du dollar fort, pour celui d’un Yuan fort! En 2002, l’excédent chinois sur les US atteindra 80MM$, (+20%). Le Japon aussi, accuse la Chine de pratiquer le jeu auquel il a longtemps brillé : surexporter grâce à une monnaie faible. Le Yuan serait de 10 à 15% sous sa valeur réelle.

Pékin maintient le circuit en rachetant d’abord les recettes d’export de ses firmes, puis en échangeant leurs réserves en yuan avec des bons d’Etat. Ainsi, par ce jeu de pompe à dollars à sens unique, il peut financer la survie de ses EE, à commencer par ses banques.

Résultat : 12 mois après l’entrée chinoise à l’OMC, banques et assurances des US, du Japon et de l’Union européenne piétinent à sa porte, tandis que les industries traditionnelles du Sud Est asiatique agonisent, brusquement privés de leurs marchés mondiaux par des niveaux de salaires au moins 4 fois plus hauts.

Avec 86% de biens en surproduction sur son marché, la Chine exporte sa déflation !

Aussi l’admiration intense du monde envers la Chine, se double d’une tension, et le FMI résume bien le sentiment planétaire, en affirmant : « il est temps pour la Chine de passer à un système de change de devises plus flexible » – un yuan librement convertible! Pékin refuse net, et maintient sa défense invariable: pas besoin de réévaluer -d’autant moins que l’afflux d’IDE et l’export chinois, sont là pour longtemps ! Le risque de conflit commercial se pose donc : à moins de concessions chinoises pour alléger les difficultés de ses partenaires, la Chine fera face à une coalition commerciale, des plaintes US, et à une demande de retour de quotas textiles à partir de 2005!

A défaut de réévaluer, Pékin peut faire trois choses :

1.  ouvrir plus vite le robinet des imports;

2.  libéraliser l’export de capital chinois, notamment d’IDE -de nombreux groupes comme Haier ou Legend sont mûrs pour cela;

3.  baisser ses taux d’intérêt.

NB : Aucune décision n’est attendue avant mars2003, date d’entrée en fonction du nouveau Conseil d’Etat, ni en fait, avant un an !

Enfin, lors d’une conférence nationale économique, la Chine vient de fixer ses priorités en 2003.

Tous ses efforts iront dans la hausse du revenu agricole (donc, pas trop d’ouverture des imports), la création d’emploi (donc, pas de hausse du yuan) et dans le refroidissement d’un immobilier au bord de l’explosion (cf Vdlc n°40). Autrement dit, la Chine demeure les yeux fixés sur ses soucis intérieurs (qui sont grands!), et les profits attendus de l’OMC seront non négociables, car déjà imputés à la cause intangible de ce régime : la stabilité !

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