Tous les ans, 2M de chinois veulent se tuer, et 287.000 réussissent. Le suicide est la 1ère cause de mort pour les 15-34 ans (19%). Avec 1/3 des suicides sur terre, la Chine détient le record de morbidité : consciente du risque majeur, la mairie de Pékin finance (2MY) le 1er Centre de Recherche et Prévention du mal. Choix rare, révélateur de l’urgence, les rênes du Centre ont été confiées à un étranger: le Dr M. Phillips (US), qui dévoile (30/11) dans Lancet, prestigieuse revue médicale, 2 ans d’enquête sur 519 suicidés en Chine et dresse leur «autopsie psychologique».
Il en ressort un portrait-type très différent du reste du monde. La femme y tient le 1er rang (52%, 1/4 de plus que la moyenne mondiale).
84% des cas sont au village.
63% se tuent au pesticide.
63% seulement sont malades mentaux (contre 90% à l’Ouest): le suicide chinois est un acte plus impulsif qu’ailleurs.
L’étude fait une découverte majeure : le suicide chinois dépend non d’une, mais de plusieurs causes cumulatives parmi lesquelles:
1. un autre suicidé dans l’environnement du malade,
2. une tentative précédente,
3. une dispute, et -avant tout !-
4. la pauvreté.
Après le diagnostic, le traitement: cette petite équipe (33 médecins/infirmières) combattent sur tous les fronts des facteurs à risque en même temps :
[1] Dès qu’un suicide a eu lieu dans une collectivité (usine, école, hôpital), le centre envoie un psychiatre pour prévenir les suicides en chaîne.
[2] Face au stress de la ville, le désespéré anonyme trouve sur le site internet du centre, un « kit de 1ers soins » ou échange avec lui par e-mail.
[3] Pour tout suicidé en urgence dans 3 hôpitaux de Pékin, le centre envoie un médecin offrir la 1ere assistance et former ses collègues (qui, jusqu’à présent, ne soignent que la blessure physique).
[4] Fer de lance, le 1er téléphone rouge anti-suicide ouvre (5/12) son service gratuit (pour Pékin), 5 lignes 24h/24 (n° 800-810 1117). Pour chaque appel, 5 buts: permettre l’épanchement du malade, évaluer le risque de passage à l’acte, détecter la maladie mentale, offrir des options de réponse au drame présenté (ex: l’infidélité du mari), offrir d’autres aides (ex : conseil juridique, ou protection contre la violence conjugale).
Face à l’océan de détresse cachée, ces efforts peuvent sembler un fétu. Mais le Centre est la 1ère et seule source d’aide de ce type en Chine, rêvant d’inspirer une structure nationale- 1er pas pour remonter la pente !
Sommaire N° 39