Petit Peuple : maldonne à la basse-cour

· Satire ubuesque des années 1950, la ferme des animaux (G.Orwell) est jouée au théâtre à Pékin.

Tout y est, la révolte des animaux contre les humains, et la dictature des porcs sous le slogan ineffable : «tous les animaux sont égaux, mais ce-tains le sont plus que d’autres ». Le metteur en scène a subtilement adapté l’intrigue aux réalités locales, en remplaçant un verrat par une truie, l’épouse du chef : symbole transparent d’une célèbre égérie de la Révo’Culturelle ! Surprise : face à cette bombe théâtrale, on reste de glace. On rit aux moments convenus, à des phrases tel-les «l’oeuf d’aujourd’hui est la poule de demain» mais en fin de compte, la salle de 715 sièges res-te chaque soir à moitié vide,tandis que le réalisateur se lamente, au bide de son audacieuse tentative, « !» (bian chang mo ji): le fouet, bien que long, n’a pas fait mouche! Le public n’ a pas suivi, parce que la fiction reste trop proche de la réalité, et son regard trop direct sur un régi-me devenu caméléon de celui qu’il avait renversé. Le gérant de la troupe, voit enfin pourquoi la censure a donné, si vite et facilement, son visa à la pièce – en trois jours seulement. Le public n’était pas- encore- en état de la comprendre !

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